En attaquant les navires de commerce transitant par la Mer Rouge pour rejoindre le canal de Suez à coups de drones et de missiles, les rebelles Houthis au Yémen ont perturbé les échanges commerciaux entre l’Asie et l’Europe.
Les navires doivent franchir l’obstacle sous escorte ou faire le grand tour de l’Afrique, rajoutant plusieurs semaines de transport en mer. Mais les rebelles ne semblent pas vouloir en rester là et auraient une autre source potentielle de perturbations en tête : les câbles sous-marins au fond de la Mer Rouge reliant là encore les réseaux de communication entre l’Europe et l’Asie
La menace est encore diffuse mais elle ferait l’objet d’une évaluation, selon le gouvernement du Yémen et des entreprises télécom, d’après des informations recueillies sur un canal Telegram recensant les cartographies des câbles sous-marins alimentant des « continents entiers, et pas seulement des pays » et constituant ainsi des infrastructures hautement sensibles à portée des rebelles.
Encore faut-il en avoir les moyens
Selon The Guardian, 17% du trafic internet mondial passe par les fibres optiques installées en Mer Rouge et 16 câbles sous-marins seraient particulièrement vulnérables à divers dangers, des ancres marines des navires aux séismes.
Câbles sous-marin autour du Yémen (credit : submarinecablemap.com)
Le câble AE-1 (Asia-Africa-Europe) reliant l’Asie du Sud-Est à l’Europe pourrait être une cible de choix si les rebelles Houthis trouvent le moyen de les atteindre. Menaçant à la surface de l’eau, ils n’ont pas de capacités sous-marines mais certains câbles remontent jusqu’à une profondeur de 100 mètres et pourraient être attaqués sans forcément disposer de moyens techniques très poussés, selon les experts en sécurité.
Si les rebelles n’ont sans doute pas les moyens d’agir directement, ils pourraient éventuellement faire appel à des soutiens comme l’Iran mais les experts relèvent que ce serait prendre un grand risque alors qu’il est beaucoup plus facile de mener des opérations de perturbations par des cyberattaques.
Les câbles sous-marins, un sujet sensible
En attendant que l’Internet par satellite soit suffisamment performant pour faire transiter les gigantesques quantités de données de l’Internet mondial, celles-ci transitent via les câbles sous-marins et constituent une fragilité pour les réseaux de communication internationaux, avec des risques naturels mais aussi des sabotages possibles.
La question de la sécurité des câbles sous-marins revient régulièrement dans l’actualité et le conflit entre l’Ukraine et la Russie a ravivé les craintes d’actions contre les nombreux câbles sous-marins installés au fond de l’Atlantique et de la Méditerranée, qu’il s’agisse d’écoutes sauvages ou de destructions de portions du réseau de fibre optique.