« Je suis ici aujourd’hui parce que la direction de Twitter trompe le public. » Mardi 13 septembre, devant les sénateurs américains, Peiter Zatko, dit « Mudge », l’ancien responsable de la sécurité du réseau social a dépeint une entreprise « dont il souhaite toujours le succès », mais dont la gestion met en danger tous ses utilisateurs. L’ex-employé devenu lanceur d’alerte est longuement revenu sur les accusations contenues dans le dossier qu’il a transmis, en août, à plusieurs régulateurs et élus américains.
Pêle-mêle, M. Zatko, figure réputé du milieu hacker américain, est revenu sur la présence – avérée dans certains cas – d’agents secrets ou de collaborateurs d’agences de renseignement parmi les employés de l’entreprise ; sur la vétusté de l’infrastructure technique du réseau social, « en retard de dix ans » ; sur la possibilité pour des milliers d’employés d’accéder aux données des utilisateurs ; ou encore sur l’absence d’outils de sécurité basiques, comme l’enregistrement des tentatives de connexion aux outils de Twitter.
Plus globalement, M. Zatko a décrit une entreprise où les ingénieurs font de leur mieux pour corriger les problèmes, mais sans le soutien ou même la compréhension de la direction. « Des membres clés de la direction n’ont pas les compétences pour comprendre l’ampleur du problème », a assuré M. Zatko. « Et ils n’ont aucune incitation à le faire. Comme l’a dit l’écrivain Upton Sinclair, il est extrêmement difficile de faire comprendre quelque chose à quelqu’un si son salaire dépend du fait qu’il ne le comprenne pas », a-t-il ajouté, estimant Twitter « mû uniquement par la recherche du profit ».
Une aubaine pour Elon Musk
Par un hasard du calendrier, l’audition de « Mudge » a un poids particulier parce qu’elle tombe en pleine bataille entre Elon Musk et Twitter. Cet implacable réquisitoire abîme l’image de la direction de Twitter et le fondateur de Tesla a obtenu le droit de l’inclure dans son argumentaire juridique lors du procès qui doit se tenir devant la cour du Delaware, aux Etats-Unis, le 17 octobre. Trancher le différend devant la justice semble désormais la seule issue puisque mardi 13 septembre les actionnaires de Twitter ont voté en faveur de l’offre publique de rachat de 44 milliards de dollars formulée en avril par Elon Musk.
L’offensive de M. Zatko est une aubaine pour M. Musk : parmi les 84 pages de reproches transmis aux autorités américaines, l’ex-employé formule une critique utilisée par l’homme d’affaires américain comme la raison principale pour retirer début juillet son offre de rachat : la direction Twitter sous-estimerait le nombre de comptes « non-humains », quand elle avance le chiffre de 5 % de comptes automatiques. Cette explication ne fait pas toutefois l’unanimité : pour certains, ce sont plutôt des problèmes de montage financier, en raison de la baisse du cours de Bourse des actions de son entreprise Tesla, qui ont incité M. Musk à annuler son offre.
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