Le nouveau premier ministre polonais, Donald Tusk, a annoncé mardi 13 février détenir des documents détaillant une « très longue » liste de victimes du logiciel espion Pegasus, mises sous surveillance électronique illégalement par le précédent gouvernement du parti nationaliste Droit et justice (PiS), qui a dirigé le pays pendant huit ans.
Une fois installé sur un téléphone, Pegasus permet d’accéder à l’intégralité de son contenu : géolocalisation en temps réel, appels, e-mails, messages – y compris ceux envoyés grâce à des applications chiffrées. En 2021, un consortium de médias coordonnés par Forbidden Stories, dont Le Monde, avait révélé que le logiciel commercialisé par la société israélienne NSO Group était utilisé à grande échelle par plusieurs pays pour espionner journalistes, avocats ou opposants politiques.
Depuis, la presse polonaise et les chercheurs en sécurité informatique du Citizen Lab de l’université de Toronto ont pu démontrer que plusieurs figures de l’opposition polonaise avaient été ciblées par Pegasus. A commencer par Krzysztof Brejza, qui coordonnait en 2019 la campagne du principal parti d’opposition, et son entourage familial. Le gouvernement polonais avait reconnu en janvier 2022 avoir acquis le logiciel espion, mais assurait que son utilisation s’était faite uniquement dans un cadre légal.
Documents prouvant les surveillances électroniques
Donald Tusk, revenu au pouvoir en décembre après la victoire d’une coalition de partis démocrates aux législatives, assure que les cas qui ont été révélés publiquement jusqu’à présent ne forment qu’une fraction des dossiers d’espionnage électronique illégal qui ont eu lieu sous le précédent gouvernement. Il a annoncé avoir remis au président, Andrzej Duda, proche de l’ancien gouvernement du PiS, un échantillon de documents montrant l’ampleur de l’espionnage politique dont a été victime l’opposition.
M. Tusk dit également avoir demandé au ministère de la justice de fournir au président l’ensemble des documents qui « confirmeront à 100 % que la Pologne a acquis et utilisé Pegasus à la fois de manière légale et illégale ». Le président Duda n’a, pour l’heure, fait aucun commentaire public.