En signant avec Microsoft, l’Éducation nationale piétine souverai …

En signant avec Microsoft, l'Éducation nationale piétine souverai ...



Dans un contexte géopolitique chamboulé, l’Europe, dont la France, s’efforce d’organiser la résistance, notamment pour réduire sa dépendance technologique vis-à-vis des géants américains.

Mais entre discours et actes, le fossé reste parfois béant.

Mardi 18 mars, la Dinum organisait une nouvelle édition de son évènement “L’État dans le nuage”. Clara Chappaz, ministre déléguée à l’IA et au numérique, intervenait à cette occasion, encourageant ainsi à user de la commande publique au profit des solutions européennes.

Choisir européen n’est pas un tabou pour Clara Chappaz

Le “en même temps” cher au président Macron est toutefois passé par là. Dans un avis du 14 mars, l’Éducation nationale et de la jeunesse entérine le choix de Microsoft pour un montant minimum de 74 millions d’euros.

La valeur du contrat-cadre pourrait même atteindre 152 millions d’euros. Quatre jours après la publication de cet avis, Clara Chappaz tenait pourtant un discours offensif sur l’enjeu de la souveraineté devant des représentants du secteur public.

Se tourner vers une solution non-européenne, “c’est pas mal en soi”, reconnaît la ministre. “Mais je pense qu’il faut prendre conscience que l’argent que l’on dépense ne vient pas soutenir le développement économique dans notre pays”, poursuivait-elle.

Souveraineté sur le cloud, pas l’on-premise ?

Clara Chappaz faisait ici référence au marché du cloud. Mais le raisonnement de la représentante du gouvernement pourrait s’appliquer aussi bien à l’acquisition de logiciels pour le poste de travail et les datacenters, comme à l’Éducation nationale.

En effet, la ministre déléguée appelait à se “montrer plus stratégique dans la manière” dont le secteur public utilise son argent en orientant la commande publique vers des solutions européennes. Cette orientation de la commande “ne doit plus être un tabou aujourd’hui”, déclarait-elle le 18 mars.

Lors de son allocution, la ministre promettait en outre des actions au bénéfice de l’offre technologique européenne. D’ailleurs, dans le cadre d’un appel à projets de France 2030, l’État a financé un consortium d’éditeurs et le développement d’une solution collaborative souveraine : CollabNext.

Le précédent de 2015 et déjà des discours non convertis

En 2022, le ministère de l’Éducation nationale indiquait avoir donné pour consigne l’arrêt de tout déploiement d’Office 365, l’édition cloud d’Office, ainsi que des produits équivalents de Google. Motif : une incompatibilité avec la stratégie Cloud au centre de l’État.

Sur l’on-premise, un long chemin reste visiblement à parcourir. Un précédent contrat conclu 10 ans plus tôt entre le ministère et Microsoft déclenchait une polémique, piétinant la circulaire Ayrault sur le logiciel libre dans l’administration. Idem pour la loi de 2013 prévue pour donner la priorité au libre dans l’enseignement supérieur.

En renouvelant son contrat avec l’éditeur américain, le ministère de l’Éducation manque une occasion de démontrer une inflexion dans sa politique d’achat et d’affirmer un attachement sincère à plus de souveraineté numérique en France.



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