Patrick Drahi, joue une partie d’échecs serrée avec les créanciers de son groupe, Altice France. Endettée à hauteur de plus de 24 milliards d’euros, la maison mère de l’opérateur télécoms SFR, négocie depuis plusieurs mois la restructuration de ses créances. Elle a publié, ce jeudi 14 novembre, un communiqué faisant le point sur l’état actuel des négociations.
Si les positions des deux parties restent éloignées, elles tendraient à se rapprocher. Altice France propose à ses créanciers un paiement en cash de 2,6 milliards d’euros et un participation de 18 % à son capital. Si les créanciers, représentés par les cabinets Gibson, Dunn & Crutcher LLP et Rothschild & Co, sont d’accord sur la somme en espèces, ils souhaitent détenir une participation minoritaire de 34 %.
Le désaccord est aussi acté quant à l’émission de nouvelle de dettes. Altice France réclame environ 13,7 milliards d’euros avec « un coût moyen pondéré » de 6,5 % tandis que les créanciers proposent, de leur côté, de prêter environ 14,4 milliards d’euros avec mais un taux d’intérêt plus élevé de 7,5 %.
Des relations plus apaisées
Pour rassurer sur sa bonne santé financière, le groupe de télécoms a communiqué quelques chiffres sur l’exercice en cours. En dépit de la perte massive d’abonnés de SFR – quelque deux millions de clients en deux ans – il prévoit un Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) d’environ 3,35 milliards d’euros.
Avec, entre autres, les ventes de ses datacenters, de son pôle médias (BFM TV, BFM Business, RMC…) et du spécialiste de la publicité vidéo en ligne Teads pour respectivement 535 millions d’euros, 1,55 milliard d’euros et 1 milliard de dollars, Altice France table cette année sur environ 3,38 milliards d’euros de cessions d’actifs.
La publication de ce communiqué témoigne d’une relation visiblement plus apaisée tranchant avec les tensions de ces derniers mois. Alors que Patrick Drahi laissait entendre qu’il pourrait demander à ses investisseurs de tirer un trait sur une partie de leurs créances, espérant semer la division dans leurs rangs.
Cette tentative d’intimidation avait produit le mouvement inverse. Les principaux prêteurs d’Altice ont alors signé un pacte afin d’agir de concert, menaçant de prendre le contrôle du groupe de télécoms en cas de défaut de paiement de la dette. Pour Les Echos, « l’ambiance, désormais plus sereine, pourrait permettre d’aboutir à un accord dans les prochains mois. »