Atos a annoncé la fin des discussions avec la société EP Equity Investment (EPEI) de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky autour du projet de cession, annoncée le 1er août 2023, de sa division Tech Foundations, mercredi 28 février. Les deux parties ont « mis fin d’un commun accord aux discussions ainsi qu’à l’option de vente [put agreement], sans aucune indemnisation de part et d’autre », a déclaré Atos dans un communiqué. Le groupe précise qu’il continuera de gérer Tech Foundations et Eviden comme deux activités séparées avec une stratégie commerciale coordonnée.
L’échec de ces négociations constitue le premier revers majeur en France pour le milliardaire, qui a fait fortune dans le secteur de l’énergie et bouscule depuis l’élite française des affaires avec une série de rachats d’entreprises dans le pays.
L’abandon du projet, qui était contesté par certains actionnaires d’Atos et des responsables politiques, est par ailleurs un nouvel exemple des revers rencontrés par le groupe français, en grandes difficultés financières. Pour y faire face, Atos a décidé de scinder ses activités historiques de conseil en informatique, regroupées dans la division Tech Foundations, et celles dans la cybersécurité.
Jean-Pierre Mustier, nouveau président d’Atos depuis octobre 2023
Début août, le groupe avait annoncé l’ouverture de discussions avec Daniel Kretinsky pour la reprise de Tech Foundations. Mais les pourparlers ont tourné court après la nomination d’un nouveau président d’Atos en octobre 2023, en remplacement de Bertrand Meunier. Peu après sa prise de fonction, Jean-Pierre Mustier, ancien directeur général de la banque italienne UniCredit, a cherché à renégocier les termes de vente de Tech Foundations afin d’obtenir plus de 500 millions d’euros en numéraire supplémentaires, selon une source proche du dossier jointe par l’Agence France-Presse.
Le plan initial prévoyait la reprise de la société par Daniel Kretinsky pour 100 millions d’euros en numéraire, le transfert de 1,9 milliard d’euros d’engagements au bilan et une prise de participation de 7,5 % dans la nouvelle société Eviden, formée avec les activités restantes dans la cybersécurité.
Atos avait également prévu de transférer des centaines de millions d’euros de fonds de roulement à Tech Foundations, ce qui a suscité la colère de plusieurs actionnaires minoritaires et de vives critiques sur la manière dont l’opération envisagée a été présentée aux marchés.
Tech Foundations, déficitaire, emploie 52 000 personnes et génère plus de la moitié du chiffre d’affaires d’Atos. Le groupe, autrefois dirigé par Thierry Breton, négocie actuellement avec ses banques pour assurer son refinancement et prévoit des cessions d’actifs. Il discute notamment avec Airbus de la reprise de son activité BDS (Big data & security).