Eric Garandeau, directeur des affaires publiques de TikTok en France depuis août 2020, s’estime servi par l’actualité. « J’ai signé mon contrat le jour où [le président américain] Donald Trump a essayé d’interdire la plate-forme aux Etats-Unis, explique-t-il. J’ai donc été recruté à un moment compliqué. » Depuis, l’application d’origine chinoise au milliard d’utilisateurs sur la planète fait l’objet chaque jour de critiques et subit, partout, des revers en cascade.
Accusé d’être un outil d’espionnage pour Pékin et un vecteur de diffusion de fausses informations, TikTok s’est vu infliger, en France, par la Commission nationale de l’informatique et des libertés, mi-janvier, une amende de 5 millions d’euros, car les utilisateurs ne peuvent y refuser les cookies (traceurs informatiques). La plate-forme a aussi été condamnée au Royaume-Uni, début avril, pour utilisation illégale de données liées aux enfants.
Deux enquêtes sont en cours à la Commission irlandaise pour la protection des données, et l’application est déjà bloquée sur les téléphones des fonctionnaires de très nombreux pays. En France, une commission d’enquête a démarré son travail mi-mars au Sénat. Son rapporteur, Claude Malhuret, vérifiera si « TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, et que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données ». Eric Garandeau, qui a déjà rencontré plusieurs des membres de la commission, n’a pas encore vu son rapporteur, ni son président, Mickaël Vallet.
Toute sa carrière dans le secteur
L’agent d’influence de TikTok en France, ancien énarque (promotion Valmy, 1998), inspecteur des finances, a effectué toute sa carrière dans la culture. Pianiste, Eric Garandeau a aussi créé avec David Grimal, en 2003, à Paris, un orchestre symphonique, Les Dissonances, dont la particularité consiste à jouer sans chef d’orchestre. Ce n’est pas le cas chez TikTok, où tout est mené à la baguette. L’entretien avec M. Garandeau pour réaliser ce portrait, d’abord refusé, n’a pu se faire qu’en présence du directeur de la communication.
Né à Angers le 6 mars 1973, ce fils aîné d’une professeure de biologie et d’un père dentiste a démarré comme chef de projet à France Télévisions avant de devenir, en 2002, conseiller musique, fiscalité et mécénat, auprès du ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon. Après un passage à la direction financière et juridique du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), Eric Garandeau est nommé conseiller culturel du président de la République, Nicolas Sarkozy, en mai 2007, poste qu’il occupe jusqu’à décembre 2010. Il supervise alors les grands chantiers du Centre Pompidou-Metz, du Louvre Abu Dhabi ou du MuCEM (Marseille).
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