Alors que le contexte géopolitique incite l’Union européenne à recouvrer sa souveraineté technologique, elle se doit d’anticiper le prochain standard de communications mobiles, la 6G, pour ne pas reproduire le retard à l’allumage de la 5G. Le chinois Huawei avait pris une longueur d’avance telle que les équipementiers européens n’ont pu le rattraper.
Bonne nouvelle, Ericsson France annonce prendre le leadership du 6G-MIRAI.
Outre l’équipementier suédois, ce consortium européen comprend :
- Apple
- L’opérateur espagnol Telefónica
- L’institut de recherche allemand Fraunhofer
- Les universités de Pise et du CNIT (Italie) et de KU Leuven (Pays-Bas)
- Des industriels tels que IS-Wireless (réseaux mobiles) et Sequans (semi-conducteurs pour la téléphonie)
Coordination UE-Japon
D’une durée de trois ans et doté d’un budget de 3 millions d’euros, le projet 6G-MIRAI fait partie de l’initiative européenne Smart Networks and Services Joint Undertaking (SNS JU) qui vise à développer les futurs réseaux intelligents.
Dans le cas de la 6G, il s’agit d’harmoniser les travaux des acteurs des télécoms dans l’élaboration de la future la norme en intégrant nativement l’intelligence artificielle. Le prochaine standard de communications sans fil fera aussi appel à des architectures multi-antennes, dites cell-free massive MIMO, et à des technologies avancées dans la virtualisation des réseaux.
Le projet 6G-MIRAI collabore étroitement avec son équivalent japonais. Baptisé Harmony, celui-ci a pour chef de projet l’université de Tokyo et réunit les industriels Nec et Kyocera et l’opérateur télécom KDDI. En se coordonnant, l’UE et le Japon entendent harmoniser leurs spécifications de la 6G et arriver avec des travaux communs auprès de la 3GPP, l’organisme mondial de normalisation.
Massy, épicentre de la R&D d’Ericsson
Selon Ericsson, la France jouera un rôle clé pour dessiner le futur de la 6G et plus particulièrement son centre de R&D situé à Massy (Essonne). Employant des chercheurs de plus de 30 nationalités, le site implanté au cœur de la technopole de Paris-Saclay profite de l’écosystème scientifique du cluster. Il a notamment noué un partenariat académique avec l’université voisine de Paris-Saclay.
Le centre de Massy a permis à Ericsson de déposer plus de 200 brevets en l’espace des deux ans, dans les domaines de l’intelligence artificielle appliquée aux réseaux mobiles ou de la réduction de l’empreinte énergétique des infrastructures télécoms. Le programme de R&D comprend aussi un volet cybersécurité important.
Le centre de Massy a été inauguré en janvier 2020 dans le cadre de l’opération élyséenne « Choose France » avec un objectif à terme de 300 chercheurs. Au premier janvier 2024, le site employait plus de 180 collaborateurs selon Ericsson.
Le Suédois n’est pas le seul équipementier à disposer d’un centre de R&D en France. Le finlandais Nokia est également implanté à Massy mais aussi à Lannion en Bretagne. En revanche, l’ancien site de Nokia à Nozay, toujours situé dans l’Essonne, a été racheté par l’opérateur de datacenters Data 4. Huawei dispose, pour sa part, de cinq centres de R&D en France, à Paris, Boulogne-Billancourt, Grenoble et Nice.