Le transport maritime est un marché colossal, avec plus de 10 milliards de tonnes de marchandises transportées chaque année. Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le transport maritime assure environ 90 % du transit de marchandises dans le monde et d’ici 2050, le volume transporté devrait tripler.
Il s’agit cependant d’une activité polluante. En effet, le transport maritime représenterait 2,6 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde selon l’OCDE. Les transporteurs sont d’ailleurs soumis à une pression croissante pour réduire leurs émissions.
En outre, le transport maritime est complexe. Les transporteurs cherchent constamment à équilibrer la qualité du service – basée sur la vitesse d’expédition et la précision de l’heure d’arrivée – avec le coût, la consommation d’énergie et le risque. Même s’ils peuvent choisir l’itinéraire le plus court, les transporteurs doivent également prendre en considération d’autres options en fonction de leur estimation des conditions météorologiques, des vagues et du vent, de la température de l’eau et autres contraintes maritimes.
Les événements géopolitiques entrent également en jeu. Par exemple, en 2012, de nombreux navires évitaient de se rapprocher de la Somalie en raison de la menace des pirates. Les temps d’attente dans les ports et voies navigables à forte fréquentation, comme Singapour et le canal de Panama, sont eux aussi susceptibles de varier. Les pénuries de main d’œuvre peuvent aussi ralentir le chargement et le déchargement des marchandises. Sans parler du canal de Suez qui a été bloqué en 2021, provoquant d’importants goulots d’étranglement. Et si cela paraît complexe pour un seul navire, imaginons ce qu’il en serait pour une flotte entière parcourant les quatre coins du monde.
En moyenne, un cargo nécessite 15 à 30 jours pour traverser l’océan Pacifique et environ 10 à 20 jours pour franchir l’Atlantique. Mais plusieurs éléments peuvent faire varier cette période, car si les modèles météorologiques sont basés sur des moyennes historiques, il est difficile de prévoir la météo quatre semaines à l’avance. Compte tenu de tous ces facteurs, la programmation des itinéraires et les choix de cargaison pour chaque navire constituent une tâche herculéenne. De nombreuses heures sont nécessaires aux supercalculateurs pour appliquer des algorithmes sophistiqués, visant à équilibrer toutes ces variables.
Mais que se passe-t-il lorsque les conditions météorologiques, géopolitiques – ou autres -varient ? À quelle fréquence une compagnie maritime peut-elle recalculer une partie ou la totalité de son planning ?
Les ordinateurs quantiques permettent de gérer un immense volume de données, des modèles complexes et des conditions qui évoluent rapidement. Grâce à sa capacité à exécuter de nombreuses actions en même temps, un ordinateur quantique pourrait théoriquement réaliser en quelques secondes ce qu’un ordinateur classique accomplit en plusieurs heures. Afin d’optimiser les trajets maritimes, plusieurs chercheurs ont entamé des travaux sur des algorithmes destinés aux ordinateurs quantiques, qui requièrent des logiciels totalement différents de ceux qui fonctionnent sur ordinateur classique.
De grands groupes tels qu’ExxonMobil sont très enthousiastes quant au potentiel de l’informatique quantique, car ils y voient des avantages considérables : réduction des coûts d’exploitation, amélioration des services et réduction de l’empreinte carbone.
Cette évolution vers le quantique se fera en deux temps : rapidité d’abord, puis performance
Si au départ les ordinateurs quantiques pouvaient produire de bons résultats, imaginons ce qu’ils pourraient réaliser en allant beaucoup plus vite. Prenons une partie d’échecs rapide avec un grand maître par exemple : si vous accordez cinq minutes à chaque coup, le jeu serait presque parfait, mais un coup de cinq secondes serait phénoménal. Armées de cette capacité, les entreprises pourront procéder à des ajustements en temps réel en cas de changement des conditions.
Lorsque les ordinateurs quantiques seront encore plus puissants, ils établiront de meilleurs plannings et itinéraires, offrant ainsi des avantages plus importants. Pour y parvenir, deux éléments sont indispensables : le hardware et le software.
Le hardware de l’informatique quantique progresse rapidement, mais les capacités des machines actuelles – souvent mesurées par le “volume quantique” ou exprimées approximativement par le nombre de leurs qubits (bits quantiques) – peuvent encore être améliorées.
À mesure que les ordinateurs quantiques prennent de l’ampleur, les softwares posent un problème crucial. Programmer un ordinateur quantique aujourd’hui relève d’une opération hautement qualifiée, et avec l’évolution des ordinateurs, les méthodes actuelles ne seront plus adaptées. C’est comme si vous essayiez de concevoir manuellement un processeur de pointe en utilisant des fonctions traditionnelles. Heureusement, de nouvelles plateformes de développement de softwares quantiques émergent, ouvrant la voie à une conception relativement simple de logiciels quantiques évolutifs.
Les profits seront énormes pour ceux qui parviendront à déchiffrer le code de “l’expédition quantique”. C’est pour cette raison – et en dépit des limites actuelles des ordinateurs quantiques – que les entreprises recrutent aujourd’hui des experts en programmation quantique, investissent dans des plateformes de développement de softwares et développent à la fois la propriété intellectuelle et les compétences internes. Les bénéfices seront colossaux : pour les entreprises, pour les consommateurs et pour la planète.
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