Explosion des signalements, pas de fibre, sous-effectif… Un rapport interne alerte sur les conditions de travail des agents de Pharos

Pharos


Selon un rapport interne auquel Europe 1 a eu accès, la plateforme de cybercriminalité de l’État manquerait cruellement de moyens pour faire face à la hausse des signalements de contenus illicites.

« Difficultés matérielles », « sentiment d’insécurité », « sous-effectif »…. La plateforme Pharos, qui reçoit les signalements de contenus illicites sur le Web des internautes français, croulerait sous les demandes sans avoir les moyens d’y faire face. Selon Europe 1 qui a eu accès à un rapport non publié de l’administration et des syndicats de police, les agents de la plateforme feraient face à des conditions de travail plus que difficiles.

Depuis 2009, il est possible de signaler les messages et contenus illicites sur cette plateforme. Les internautes peuvent y dénoncer des contenus ou des comportements racistes, antisémites, xénophobes, mais pas seulement. Il peut s’agir de faits de pédophilie et pédopornographie, d’incitations à la haine raciale, ethnique et religieuse, de faits de terrorisme et d’apologie du terrorisme ou encore d’escroqueries.

Des signalements en hausse et des outils peu adaptés pour traiter les demandes

En théorie, une fois le signalement reçu, les policiers et les gendarmes de la plateforme vérifient qu’il s’agit bien d’une infraction à la loi. En cas positif, les services compétents prennent la suite en ouvrant une enquête. Mais dans les faits, les demandes ont explosé, et la plateforme manquerait cruellement de moyens pour y faire face, rapportent nos confrères qui citent le rapport interne de 22 pages.

En novembre 2023, explique Europe 1, une délégation du comité social d’administration de la police nationale visite les locaux de Pharos. Elle constate des conditions de travail des agents plus que difficiles. D’abord parce que ces derniers doivent traiter de plus en plus de signalements – leur nombre serait passé de 4 000 à 7 000 cas par semaine, avec près de 14 500 signalements en attente d’être traités, le jour de la visite des locaux de la plateforme.

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Or si les équipes de Pharos travaillent en continu, elles n’auraient pas les outils adéquats pour gérer ce flux de demandes. Outre l’absence de fibre optique, les ordinateurs étant reliés à l’ADSL, les agents seraient contraints, faute de renouvellement de licences, de passer par des logiciels gratuits qui engendreraient « instabilités et bugs à répétition », écrivent les auteurs du rapport cités par Europe 1. De quoi constituer un problème de taille quand on sait que les policiers et gendarmes de la plateforme doivent apprécier rapidement des situations d’urgence ou de menaces liées au terrorisme.  

« Manque de soutien, ressources organisationnelles insuffisantes… »

Dans un tel contexte, « les responsabilités liées à la nature des tâches (des agents NDLR) ainsi que la crainte d’être mis directement en accusation en cas d’erreur d’appréciation dans le traitement d’un signalement, semblent leur donner un sentiment d’incapacité à faire face, de manquer de soutien et de ressources organisationnelles suffisantes », ajoute le rapport.

Ce qui explique le turn over important des équipes de 49 agents. Contactée par Europe 1, la police nationale a expliqué qu’une nouvelle application serait mise en place l’année prochaine, ce qui devrait réduire les lenteurs informatiques et les bugs de la plateforme, selon cette dernière.

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