Gmail, Drive, Messenger… gratuits pour l’usager, les services des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ne sont pas sans contrepartie. Ces géants de la technologie aspirent les données personnelles, qu’ils valorisent et commercialisent sans reverser le moindre centime à leurs propriétaires. Rebutés par ces pratiques, Adrien Luxey-Bitri, 28 ans, et Quentin Dufour, 30 ans, tous deux titulaires d’un doctorat en informatique, bataillent pour proposer des solutions de remplacement.
Avec d’autres passionnés, ces deux « bidouilleurs » ont cofondé en 2020, à Rennes, l’association Deuxfleurs pour mettre à disposition du citoyen des services aux fonctions similaires à ceux des Gafam. A la place de l’application de messagerie WhatsApp, Deuxfleurs propose Matrix ; pour remplacer les visioconférences Zoom, ils misent sur Jitsi. Et pour le travail en collaboration, ils détrônent Google Drive par CryptPad.
Dans son combat contre l’emprise des géants du numérique, Deuxfleurs n’agit pas seule. L’association est l’une des 96 structures similaires créées ces dernières années dans l’Hexagone par des militants bien décidés à multiplier les services technologiques à destination du public. Elles sont regroupées sous la bannière du Collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires, plus connu sous son acronyme, Chatons.
Ce collectif militant prend racine en 2014 avec le déploiement de l’initiative « Dégooglisons Internet », lancée par Framasoft. Cette association d’éducation populaire, née en 2004, se bat pour que le Web reste accessible à tous et que les données des internautes ne soient pas captées abusivement par les géants du secteur.
Petites structures agiles
Framasoft propose alors une quarantaine de services aux citoyens : outil de travail collaboratif, agenda, tableur… Le succès est vite au rendez-vous puisque, au pic de leur forme, ces services attirent 600 000 utilisateurs mensuels. Mais, très vite, Framasoft constate qu’elle est en train de reproduire, à plus petite échelle, ce qu’elle reproche justement aux Gafam : offrir une interface unique à des centaines de milliers d’internautes. Alors, en 2016, elle crée l’initiative Chatons. L’idée est d’encourager l’émergence de petites structures indépendantes et agiles qui gèrent elles-mêmes leurs services et leurs usagers. Coordinatrice du collectif, Angie Gaudion explique : « C’est notre façon de “partager le gâteau”, de faire naître et de valoriser des initiatives de citoyens similaires au programme “Dégooglisons Internet”, à travers tout le territoire. »
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