À l’heure où Samsung se prépare à lancer la « Galaxy Ring », le marché des bagues connectées se concentre aujourd’hui sur un petit groupe d’acteurs spécialisés. Parmi eux, Oura, une entreprise finlandaise née en 2013. En mars 2022, sa “Ring” dépassait le million d’unités vendues. Un volume conséquent pour un produit qui commence à peine à se faire connaître, et qui interroge bien plus qu’il ne plaît.
Pourtant, il a tout d’un produit parfait pour ceux qui préfèrent la technologie lorsqu’elle est simple et discrète, à l’instar des montres connectées analogiques comme la Withings ScanWatch. On se devait alors de vérifier comment un si petit objet qu’est une bague peut embarquer avec lui tout ce qu’il faut pour un suivi de santé, d’activité et de sommeil.
Nous avons porté la Oura Ring 3 pendant un mois. Précision de taille : c’est la première bague connectée que nous testons, ce qui nous a permis de découvrir ce produit en même temps qu’un nouveau genre d’appareils. Nous en avons profité très vite pour tester d’autres modèles concurrents les jours suivants, de quoi nous permettre aussi de prendre du recul et de pouvoir comparer. La Oura Ring étant la référence de la catégorie, nous avons cherché à comprendre ce qui la distinguait de la concurrence.
Avant de découvrir les avantages et inconvénients pour se faire un avis sur la Oura Ring 3, penchons-nous sur l’expérience avec la bague connectée, de l’achat sur le site aux premiers pas avec la bague au doigt.
Déballage et premiers pas avec la bague
Choix de la bague et choix de la taille
L’expérience de l’achat d’une Oura Ring commence sur le site, avec l’outil de personnalisation. La dernière bague connectée d’Oura est en réalité disponible en deux modèles différents : Heritage et Horizon. La première est moins chère, mais n’est pas totalement ronde sur l’extérieur (elle a une partie plate sur la face avant). Ensuite, il faut choisir la finition. De base, la Oura Ring est en coloris argent. Mais il est possible de la choisir en Gold, Rose Gold, Black, Stealth ou encore Brushed Titanium pour un rendu de type métal brossé.
La deuxième partie consiste à recevoir le kit de taille d’Oura Ring. Ce dernier se compose d’une petite boîte avec des copies en plastique de la bague, sous différentes tailles. Il y en a treize chez Oura. Le but étant de trouver celle correspondant à notre doigt. Ensuite, Oura encourage de porter la copie de la bague pendant au moins 24 heures, afin de s’y faire et de bien vérifier quel doigt nous utiliserons et si la taille sera effectivement la bonne en fonction des conditions.
Une fois la décision de la taille prise, il faut retourner sur le site, via son compte client, et renseigner le choix. Cette confirmation déclenche automatiquement l’envoi de la bague définitive à l’adresse de livraison et quelques jours après, nous recevons la bague connectée dans un petit boîtier comprenant un câble et un socle de recharge.
Configuration, prise en main et avertissements
Pour réveiller la bague et la connecter à votre smartphone, il faut compter une dizaine de minutes et suivre plusieurs étapes. La première consiste à télécharger l’application mobile. Puis, il faut ajouter l’anneau sur son socle de recharge, afin de l’appairer par Bluetooth avec le smartphone. Pour jumeler la bague, Oura demande de créer un compte. C’est là que la première mauvaise nouvelle tombe : il faudra payer 5,99 euros par mois pour profiter de tous les services de l’application. À noter que le premier mois est offert.
Une fois que la bague est connectée au smartphone, un échange de données est réalisé, qui prend quelques minutes. Puis, il est demandé de configurer son profil, avec son âge, son sexe, son poids, sa taille. Des questions sont ensuite posées, concernant notre projet avec la bague (nos priorités, notre façon de dormir, les facteurs qui affectent notre sommeil, etc). Après cela, la bague sera entièrement configurée et prête à être portée (vous devrez certainement finir de la charger entièrement cela dit).
Comme aucune donnée n’a encore été mesurée au départ, l’application semble un peu vide. Mais Oura propose un peu de documentation et notamment quelques indications et avertissements sur l’usage de la bague. On y apprend ainsi qu’il est préférable d’utiliser celle-ci entre 20 et 80 % d’autonomie, pour que la durée de vie de la batterie soit préservée. Oura garantit une étanchéité jusqu’à 100 mètres de profondeur, là où certains modèles concurrents ne sont pas aussi étanches. La marque prévient aussi qu’il faudra rester attentif à la manipulation d’objets en métal, en céramique ou en pierre, notamment avec les poêles et les casseroles, pour éviter les rayures.
4 avantages avec la Oura Ring 3
La plus esthétique des bagues connectées
Pour commencer, parlons de son style. Ce ne sera pas seulement pour introduire le produit : pour beaucoup de ses utilisateurs, c’est avant tout pour le design et l’esthétique de la bague qu’ils ont cédé. Contrairement à d’autres concurrents, la bague est en titane, avec une finition Argent, Or, ou Rose Doré. Il est aussi possible de la trouver dans des versions (parfois limitées) plus sportives (Noir Mat) ou plus travaillées (Titane Brossé). Bref, Oura Ring veut proposer quelque chose de beau avant tout, et réussit plutôt bien son coup.
Deux versions sont disponibles. La moins chère s’appelle « Heritage » et se distingue par une couronne avec un petit méplat sur la partie visible. La version « Horizon » est plus chère, mais profite d’un design entièrement rond, sans discontinuité. Pour le reste les deux modèles profitent des mêmes capteurs et de la même disposition. À noter que certains coloris sont uniquement disponibles sur la version « Horizon ».
La bague se distingue aussi par sa taille. Elle reste particulièrement massive les premiers jours, mais on finit par s’habituer et commencer à l’apprécier comme un vrai accessoire de mode. La concurrence est aussi tournée sur du titane généralement, mais certains utilisent aussi du plastique pour faire des économies, ou privilégient des solutions avec du carbone comme Circular, pour un garantie de légèreté de l’anneau, mais au détriment du look… plus sportif qu’habillé.
Confortable, avec une bonne autonomie
Avec nos différents tests de bagues connectées, nous avons pris conscience de l’importance des matériaux utilisés sur la partie en contact avec notre doigt. Le mot d’ordre : il faut que l’anneau puisse tenir et avoir une bonne accroche. Comme il est nécessaire de préférer une taille qui nous permette toujours d’enlever la bague sans trop de difficultés (ne serait-ce que pour la recharger), le matériau en contact avec votre peau doit avoir un côté collant. Et c’est bien le cas sur l’Oura Ring.
C’est clairement la bague connectée qui nous a le moins gêné, et celle qui a le moins bougé. Les capteurs, qui doivent se retrouver sur la face intérieure de notre doigt ne bougent pas beaucoup et il n’est pas nécessaire d’ajuster la bague trop régulièrement. Ces capteurs se trouvent sous des petites bosses qui participent elles aussi à la bonne accroche.
En termes de poids, la bague fait entre 4 et 6 grammes selon sa taille. C’est plus léger que cela en a l’air à première vue, même si la concurrence est davantage autour des 3 grammes. La seule problématique reste l’épaisseur, de 2,55 mm, qu’Oura compare à celle d’une alliance, mais qui reste bien prédominante et incompatible avec le port d’autres bagues sans laisser un espace d’un doigt. On a bien tendance à oublier la bague lorsqu’on la porte au quotidien, mais dès qu’un travail manuel se présente, on se retrouve vite à préférer l’enlever pour ne pas qu’elle gêne ou pour ne pas l’abîmer.
Ce poids se justifie aussi par une batterie suffisamment grosse pour pouvoir tenir une semaine sans recharger l’anneau. Et la mission est accomplie : on pourra largement tenir plus de 5 jours avec la Oura Ring. C’est au bout de trois jours que la bague passe sous les 50 % après avoir été chargée à 100 %. Comptez en plus sur une recharge assez rapide grâce à socle de recharge (jusqu’à 80 minutes max).
Suivi de sommeil précis et intéressant
Après un mois, l’utilisation avec la bague, son principal intérêt s’avère être son suivi de sommeil. Car il est précis, très précis. De tous les objets connectés, y compris les montres, ou de tous les modèles de bagues connectées essayées, c’est le plus à même de vous renseigner correctement sur vos nuits. Il l’est particulièrement pour ce qu’il en est de notre heure d’endormissement, de notre temps passé au lit, et s’avère aussi très réaliste sur nos phases de sommeil. C’est ainsi que l’on se met à prendre conscience de l’importance du sommeil profond par exemple.
L’aperçu du suivi de sommeil sur l’application est ludique et détaillé. On retrouve ainsi plusieurs données, plusieurs jauges, mais aussi un profil imagé de la nuit, de notre heure de coucher à notre heure de lever. Le sommeil profond, le sommeil léger et le sommeil paradoxal sont notés, tout comme les mouvements au cours de la nuit. Ce graphique sur le court terme se complète bien d’un autre, sur le long terme, pour voir au fil des semaines et des mois notre volume de sommeil évoluer. Oura y extrait aussi des données comme l’heure de coucher moyenne, pour nous faire sortir du déni en cas de mauvaises habitudes.
Ces données peuvent s’apparenter au programme de temps d’écran sur téléphone, ou des statistiques de paiement sur l’application d’une banque en ligne. Elles ne vont pas changer votre vie, mais permettent de prendre conscience et reprendre en main sa santé. C’est aussi un bon moyen de remettre l’importance du sommeil tout en haut de l’échelle, avant celui de prendre des suppléments ou du café. À noter que les siestes sont aussi plutôt bien détectées et mesurées par la bague. Avec une montre connectée, le suivi est moins précis et faut-il encore avoir envie de porter une montre toutes nos nuits.
En journée, on apprécie aussi le traqueur de stress de la Oura Ring 3, qui a été lancé par la voie d’une mise à jour en fin d’année 2023. Avec lui, un moyen de comprendre l’importance de se poser, de rester au calme, et de prendre du temps pour soi ne serait-ce que pour s’apaiser, faire de meilleures nuits et être plus en forme. Il arrive à la bague de ne pas analyser une partie de notre journée sans raison apparente, mais on a bon espoir pour que l’application finisse par être à même de corriger ce bug.
Application fluide et transfert de données rapide
L’application mobile de la Oura Ring est simple et bien pensée. Les données affichées sont claires, et l’on ne se sent pas noyé dans un trop-plein (ou un trop vide) d’informations. Le système est plutôt clair entre l’onglet Sommeil, l’onglet Activité et l’onglet Préparation. Ce dernier fait un peu la synthèse des deux autres et permet en un coup d’oeil de se rendre compte qu’un coup de mou psychologique est peut-être dû avant tout à un manque d’activité ou un manque de sommeil.
Le transfert de données de la bague vers l’application est rapide. Et c’est indispensable. Lorsque l’on ouvre l’application, que ce soit celle d’Oura ou d’une marque concurrente, une mise à jour est effectuée après que la bague se soit appairée au smartphone. Et chez Oura, ce laps de temps est très rapide. Comptez moins de 30 secondes, parfois moins de 10 secondes. Certains modèles concurrents prennent plusieurs minutes, de quoi clairement abandonner l’idée de rester sur l’application et consulter ses dernières mesures.
L’application est aussi bien utile pour vérifier la batterie de la montre, suivre des programmes de méditation, de relaxation et de respiration. Il est aussi possible de passer la bague en mode avion, pour lui faire économiser de la batterie si l’on compte la laisser de côté pendant quelques jours. Nous en avons fait l’expérience pendant une semaine alors que nous nous rendions dans un séjour sportif où il n’aurait pas été intelligent de garder la bague au doigt. À notre retour, l’autonomie était toujours bonne.
4 défauts avec la Oura Ring 3
Usage limité
Malgré ses qualités, la bague connectée Oura Ring 3 est rattrapée par plusieurs défauts. À commencer par un usage et un intérêt qui restent limités. Dès les premiers jours, par réflexe après l’obtention d’un nouveau produit high tech, on veut pouvoir en profiter, et s’amuser avec. Sur une bague connectée, c’est tout bonnement impossible. Il faut d’abord que la bague puisse prendre le temps de mesurer nos données sur plusieurs jours. Ensuite, la technologie reste très passive et il n’y a pas d’usage à proprement parler.
On ne portera pas la bague à n’importe quel doigt. Il faut le déterminer au moment du choix de la taille de la bague, et Oura comme les autres bagues connectées du marché actuel conseillent l’index ou le majeur, pour une question de précision des données. L’annulaire n’est pas conseillé, encore moins le pouce. En fonction des mains, on se retrouve vite à devoir porter la bague sur l’index, ce qui a été notre cas.
Le suivi d’activité est peu précis. Trop optimiste, c’est devenu une habitude pour nous de commencer la journée avec une centaine de pas déjà effectués. Les déplacements à pied sont la plupart du temps exagérés. Sur un trajet de 1,7 kilomètre par exemple, la bague en mesure 400 mètres de plus. La différence s’allonge tout au long de la journée alors que des mouvements viennent parasiter la mesure. On finit alors par dépasser quotidiennement les 10 000 pas même si nous en effectuons que 7 000.
La bague connectée se rattrape sur la partie prévention et santé. Elle sera utile pour les personnes âgées ou celles qui se doivent de garder un oeil sur leur santé. Comme une montre connectée, la Oura Ring est en mesure de suivre le rythme cardiaque, le taux d’oxygène dans le sang, la température corporelle, et réaliser des électrocardiogrammes pour prévenir de troubles cardiaques. Depuis l’application, les données peuvent être extraites sous la forme de PDF et envoyées à un médecin. L’avantage d’une bague par rapport à une montre est avant tout de pouvoir garder jour et nuit l’appareil porté sans que cela ne soit trop dérangeant.
On ne porte pas la bague pour tous les sports
La bague ne sera pas compatible avec tous les sports. On pourrait prétendre à l’utiliser plus facilement qu’une montre connectée, mais son poids et sa discrétion sont vite rattrapés par la peur de rayer l’anneau ou tout simplement de le perdre, comme avec les sports aquatiques. Comme nous l’avons dit, son accroche est supérieure à celle de la concurrence, mais cela ne l’épargne pas du risque de chute. Rappelons aussi que l’anneau reste gros au doigt et sera forcément en contact avec l’objet que vous prenez en main, ce qui peut avoir tendance à gêner ou à risquer de dégrader l’anneau. Oubliez donc le tennis et les autres sports de raquette.
Pas de fonction de paiement ou de réveil
Au fil du temps, les bagues connectées sont passées de bagues avec une puce NFC intégrée (pour les paiements), à des bagues avec capteurs intégrés (pour le suivi de santé). Et il semblerait que pour une question de place, il ne soit pas encore possible d’allier les deux. Pour le prix, c’est dommage. Nous préférerions pouvoir rendre l’objet un peu plus actif dans notre quotidien et en faire l’objet d’un outil de paiement, que l’on peut réaliser avec une montre style l’Apple Watch.
Chez la concurrence comme chez Circular, on retrouve aussi un système de vibrations, qui permet d’ajouter une fonction réveil à la bague, et ainsi tester les réveils en douceur. C’est un système qui n’est pas gadget, tant il peut communiquer avec le suivi de sommeil et ainsi permettre de déclencher un réveil intelligent, autrement dit un réveil dans une phase de sommeil léger pour vous éviter un trop gros choc, selon une plage de temps préalablement configurée.
Une bague très chère avec des mensualités
Pour les matériaux et le style de la bague, la Oura Ring 3 peut être une belle idée de cadeau. Mais l’objet reste très cher : au minimum 329 euros. Il faut ajouter à cela le surplus pour la version Horizon (+ 70 euros) et un autre surcoût lié aux différentes teintes additionnelles de la version argentée basique. Et ce n’est pas anodin : d’une version argentée à 399 euros, on passe une version dorée à 549 euros. Pour le Rose Gold, ce sera même 599 euros. Les finitions intermédiaires, comme Brushed Titanium ou Stealth sont au prix de 499 euros.
La bague se paie donc au prix fort, mais votre relation commerciale avec Oura ne s’arrêtera malheureusement pas là. En plus du prix du produit, vous devrez souscrire à l’abonnement pour profiter de toutes les fonctionnalités de l’application mobile, au moment de la configuration de la bague. Pas de quoi vous donner le choix, alors que l’inscription de votre carte bancaire se réalise avant même vos premiers pas avec la bague au moment de la création de votre compte Oura. Le premier mois est gratuit, de quoi vous permettre de découvrir l’expérience, et de vous faire oublier que 5,99 euros sortent de votre compte chaque mois, soit près de 78 euros par an.
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