Il était temps ? En mai dernier, le gouvernement français officialisait le lancement des travaux d’un nouveau comité stratégique de filière.
Son focus : le numérique de confiance. L’ambition de départ : des offres intégrées Cloud-Data-IA souveraines.
Presque un an plus tard, le comité présidé par Michel Paulin, ex-DG d’OVHcloud, publie donc son “contrat” de filière, c’est-à-dire sa feuille de route – organisée autour de cinq projets “structurants”.
Une filière de 23,7 Mds€ mais éclatée
Compte tenu des tensions géopolitiques et de la renaissance des préoccupations en matière d’autonomie technologique, ce cap qualifié d’ambitieux était très attendu dans un secteur français confronté à “des acteurs quasi-hégémoniques”.
L’écosystème de fournisseurs concernés est évalué 23,7 milliards d’euros (en 2023). Il est composé par ailleurs d’éditeurs dont la “plupart réalisent moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.” Mais surtout, la filière française “perd des parts de marché face aux acteurs non nationaux, principalement américains.”
Le contrat de filière défini avec l’État doit donc apporter des solutions concrètes au profit du numérique de confiance en France. Le qualificatif de confiance est cependant employé aussi par des entreprises non européennes.
Des critères de confiance définis
Le comité entend encadrer l’usage de l’appellation au respect de critères techniques, juridiques et réglementaires (transparence de l’ensemble de la chaîne de valeur et des conditions d’utilisation, réversibilité, interopérabilité, sécurité et protection des données, conformité…).
S’ajoute en outre à ces paramètres une dimension de souveraineté, en particulier “dans les secteurs stratégiques comme pour le traitement des données sensibles.” La problématique de l’autonomie stratégique signe son grand retour grâce à Trump.
Le second mandat du dirigeant américain contraint également l’État français à agir, et plus seulement sur le volet de l’attractivité pour les investisseurs étrangers. Et il va lui falloir agir encore plus nettement pour concrétiser le cap fixé par le contrat de filière.
5 projets structurants et 33 propositions
Le comité le souligne, il a besoin “d’un État engagé”, dont les représentants sont si prompts à déclarer leur soutien aux entrepreneurs. Il pourra en apporter la démonstration au travers de sa participation à 5 projets structurants.
La filière du numérique de confiance se fixe en effet 5 objectifs :
- Poursuivre le développement de l’offre et déployer les infrastructures nécessaires aux innovations à venir dans le numérique de confiance
- Intensifier la formation et l’innovation durable dans le numérique de confiance
- Poursuivre la définition des données sensibles et l’harmonisation des régulations et certifications
- Faciliter l’accès des acteurs à la commande publique et privée
- Promouvoir la croissance internationale du secteur
Pas sûr cependant que 10 groupes de travail, 6 mois et plus de 300 consultations, échanges et entretiens aient été nécessaires pour identifier ces 5 projets (intégrant chacun différentes propositions, elles plus opérationnelles).
Une certitude en revanche, ils ne pourront aboutir sans volonté politique, en particulier sur la commande publique. Or dans ce domaine, l’État a accumulé au fil des années les rendez-vous manqués, et ce encore en 2025.