Game over pour Art ludique, ce musée parisien privé conçu pour magnifier l’histoire et l’inventivité de la bande dessinée, du cinéma d’animation et des jeux vidéo. La société qui avait développé ce projet unique en son genre a été placée en liquidation judiciaire le 14 novembre, ce qui met un terme définitif à des années de difficultés.
« C’était un merveilleux projet, que nous sommes obligés d’arrêter, explique au Monde Jean-Jacques Launier, cofondateur de l’affaire avec son épouse, Diane. Nous soldons le passé en fermant la société. Nous gardons cependant l’espoir de rouvrir le musée dans d’autres conditions, par le biais d’une association que nous avons créée. » En tout état de cause, ce ne devrait pas être dans les locaux de la gare Saint-Lazare, contrairement à ce qui avait été annoncé : ce projet a été récemment abandonné, indique la SNCF.
Les films d’animation, les jeux vidéo, les mangas, comics et bandes dessinées appartiennent tous à la même pop culture contemporaine, au même monde de l’« art ludique ». C’est avec cette conviction profonde que les Launier ouvrent à Paris, fin 2013, ce qu’ils présentent comme « le premier musée au monde consacré à l’art de l’“entertainment” ». Les personnages de Ratatouille, de Toy Story et du Monde de Nemo se retrouvent à l’honneur de l’exposition inaugurale consacrée aux studios Pixar. Un succès, avec plus de 400 000 visiteurs la première année. Suivent des rendez-vous autour de Superman, de Wallace et Gromit ou encore du Japonais Hayao Miyazaki.
Menace d’expulsion
A l’époque, le musée tout neuf est hébergé au rez-de-chaussée de la Cité de la mode et du design, au bord de la Seine, dans le 13e arrondissement. Un emplacement compliqué. Le musée n’a pas ouvert depuis deux ans qu’un camp de réfugiés s’installe sur le quai, au pied de la Cité. Se garer devient difficile. Les touristes se retrouvent nez à nez avec les migrants. Toute la Cité souffre de désaffection. Des boutiques, des restaurants ferment. Pour Art ludique aussi, le coup est rude. Le public se raréfie et, quand les Launier cessent de payer le loyer du musée, ils se retrouvent en conflit avec leur bailleur, la Cité, gérée par la Caisse des dépôts, qui les menace d’expulsion.
Le musée finit par fermer. Une procédure de redressement judiciaire est ouverte en 2018. Le couple Launier n’abandonne pas pour autant. « Pendant plusieurs années, nous avons fait tourner nos expositions dans le monde, de Londres à Abou Dhabi ou Séoul », raconte Jean-Jacques Launier. Cette activité de repli permet à l’entreprise de garder quelques salariés et de rembourser une partie de ses dettes.
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