La revue des revues. Alors que le bouillonnant patron d’Open AI, Sam Altman, vient de récuser les accusations pour violation des droits d’auteur que le New York Times a lancées contre la maison mère de ChatGPT, l’article cosigné dans la revue de prospective Futuribles par Virginie Courtier-Orgogozo et Laurence Devillers, l’une spécialiste des questions de génétique et l’autre d’éthique du numérique, tombe à point nommé. Il permet en effet d’éclairer les enjeux de plus en plus complexes auxquels les sociétés contemporaines sont confrontées, face aux avancées scientifiques dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). « Comment l’IA façonne-t-elle notre compréhension de nous-mêmes et de nos sociétés ? », se demandent-elles, en se concentrant sur les résultats produits par les systèmes d’IA générative, qui sont souvent indiscernables de ceux produits par un humain.
A la fois multitâches, multimodales, multilingues, pouvant générer des images, de la musique, des paroles, des programmes ou des synthèses de texte, les IA génératives sont conquérantes, mais cachent des enjeux puissants, comme l’accroissement de la désinformation et des inégalités. D’un côté, « Internet est un réseau qui pourrait alimenter une évolution vers une gouvernance non démocratique », soulignent les deux autrices ; de l’autre, l’IA est un accélérateur pour faire avancer la recherche médicale ou spatiale, ou encore optimiser les dépenses d’énergie. Elle permet aussi de gagner beaucoup de temps. Pour relever ces défis, le rôle de l’école demeure essentiel pour « apprendre à apprendre », estiment-elles.
Question très sensible
Dans le même numéro, Agénor Lahatte et Frédérique Sachwald, qui travaillent tous les deux pour l’Observatoire des sciences et des techniques, analysent les performances de la France dans le secteur des publications scientifiques. En comparaison internationale, la France est passée du 6ᵉ rang en 2010 au 13ᵉ rang en 2022, distancée par la Chine et les Etats-Unis, mais aussi par des pays dont elle est proche : Allemagne, Royaume-Uni et Italie.
Sur le plan des contenus, la France se distingue par une spécialisation dans des disciplines qui croissent peu (physique) ou de taille modeste (sciences humaines, mathématiques). En outre, sa part est faible, voire en recul, dans des disciplines stratégiques (informatique et IA, sciences sociales) ou de grande taille (sciences pour l’ingénieur, chimie). Les auteurs estiment nécessaires des analyses complémentaires pour préciser ces tendances, mais pointent aussi l’« organisation singulière » du système de recherche et d’enseignement supérieur français.
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