C’est l’heure de vérité pour Gérard Lopez. Le président des Girondins de Bordeaux a rendez-vous, mardi 5 juillet, devant la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du football français. Cette audition en appel est celle de la dernière chance pour le club, qui a été rétrogradé en National le 14 juin en raison de ses pertes financières, trois semaines après sa relégation sportive en Ligue 2. Une décision qui, si elle était confirmée, signifierait la faillite de l’entreprise, car sa structure de coûts est trop lourde pour évoluer au niveau amateur.
Retour douze mois en arrière. Le 23 juillet 2021, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois reprend officiellement les Girondins, au bord de la faillite après le désengagement des fonds d’investissement américains King Street et Fortress. Un an après ce rachat, M. Lopez a trouvé un accord sur les dettes du club avec les deux créanciers le 1er juillet, soit quatre jours avant l‘examen crucial du plan de sauvetage devant les autorités financières. Afin de convaincre la DNCG de la viabilité du club, Gérard Lopez s’est engagé à transférer la moitié des 52 millions d’euros dus à ces fonds vers sa société Jogo Bonito et à injecter 10 millions d’euros en fonds propres. Bordeaux Métropole a aussi fait un geste en acceptant un moratoire sur les 5 millions qu’elle aurait dû percevoir en 2022-2023 pour la location du stade Matmut Atlantique.
Lille, le Royal Excel Mouscron (Belgique), le club portugais de Boavista, Bordeaux… Les aventures de Gérard Lopez dans le football se succèdent et, à chaque fois, l’histoire semble se répéter : un club – avec un passé – en difficulté, une arrivée tonitruante avec des objectifs ambitieux, des montages financiers aussi sophistiqués qu’opaques, et puis, à l’arrivée, des retards de salaires qui s’accumulent et la soupe à la grimace pour les supporteurs.
Focalisé sur la création de valeur
La rancune de certains fans est tenace, même au LOSC, le club de Lille, qu’il a pourtant mené au titre de champion de France en 2021 avec Christophe Galtier, pressenti pour devenir l’entraîneur du Paris-Saint-Germain, et Luis Campos, le conseiller sportif du club. « C’est un beau parleur qui connaît bien le foot, mais il n’est pas fiable. Il a laissé les finances dans un état catastrophique », déclare Franck Deffenain, responsable d’un groupe de supporteurs à Tourcoing (Nord).
Fidèle à sa logique de professionnel de la finance qui se focalise sur la création de valeur, M. Lopez souligne que celle de l’effectif des Dogues au moment de son départ était estimée à 330 millions d’euros, un montant supérieur à son endettement. Il a été débarqué fin 2020, quelques mois avant le titre, parce qu’il ne pouvait plus rembourser l’emprunt de 225 millions d’euros à plus de 10 % d’intérêts contracté auprès du fonds américain Elliott pour acheter le LOSC. La pandémie de Covid-19 – qui a rendu le monde du football exsangue – a montré les limites de sa stratégie, qui repose sur le « trading » de joueurs. A savoir : recruter de nombreux jeunes prometteurs pour revendre les meilleurs à prix d’or.
Il vous reste 60.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.