Après Encrochat et Sky ECC, Europol vient de mettre à bas une nouvelle messagerie chiffrée soupçonnée d’être un outil privilégié de la criminalité organisée. Comme l’agence policière européenne l’a expliqué ce mercredi 18 septembre, elle s’est attaquée cette fois-ci avec les polices de neuf pays, dont la France, à la plateforme Ghost, une application de communication qui se présentait comme le service chiffré du futur.
Ce service était accessible sur des smartphones durcis vendus environ 1400 euros (2350 dollars australiens).
Les terminaux promettaient un chiffrement de bout en bout, un coffre-fort sécurisé et des appels protégés de toute oreille indiscrète. Autant de fonctionnalités utilisées, selon Europol, par de dangereux réseaux criminels spécialisés dans le trafic de drogue, des assassinats ou du blanchiment.
51 arrestations
Le trentenaire soupçonné d’avoir développé ce service de communication, un Australien vivant dans l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, fait désormais face à cinq chefs d’accusation. L’ampleur de l’opération contre Ghost semble à première vue relativement modeste. Cinquante et une arrestations ont été annoncées et un million d’euros saisis dans cette opération policière mondiale.
Seulement plusieurs milliers de personnes utilisaient l’outil dans le monde, indique l’agence policière. En Australie, le pays a priori le plus concerné, 376 téléphones seraient actifs. “C’est un réseau plus petit qu’Encrochat ou Sky ECC”, a admis en conférence de presse Jean-Philippe Lecouffe, le directeur adjoint des opérations d’Europol.
Mais cela est caractéristique du nouveau paysage de ces WhatsApp du crime, « avec des réseaux plus petits, plus fragmentés”. Et, ajoute-t-il, la taille ne fait pas tout: des réseaux modestes peuvent amener des informations extrêmement intéressantes si leurs utilisateurs sont des criminels de premier rang.
Projet Overclock
Alors que le service avait été lancé en 2015, le vent va tourner en 2022 pour Ghost. A cette date, Europol ouvre un groupe de travail pour se pencher de plus près sur cette application louche. Les gendarmes ont notamment mis la main à la patte grâce au projet Overclock, cette plateforme européenne de décryptage lancée par les français.
Comme l’indique ainsi le colonel Florian Manet, les cybergendarmes ont fourni des ressources techniques permettant d’accéder aux communications. La France a également joué un rôle clé en mettant la main sur des serveurs localisés dans l’Hexagone – d’autres étaient hébergés en Islande.
Autant d’informations qui ont permis ensuite à la police fédérale australienne d’intervenir en direct dans cinquante affaires, avant le récent coup de filet. Ces dernières auraient pu se solder par des meurtres ou des violences graves. Elles ont enfin permis de saisir plus de 200 kilos de drogues.