Google, accusé de pénaliser un de ses concurrents sur Android, fait marche arrière

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La start-up allemande Nextcloud a-t-elle gagné son bras de fer contre Google ? Mardi, la société européenne, qui concurrence directement Google Drive, estimait avoir été bridée par Google sur Android. Ce jeudi, l’entreprise allemande annonce que Google va finalement rétablir les accès qui lui ont été refusés pendant des mois.

Il aura fallu un article de blog au vitriol de Nextcloud, et quelques articles dans la presse spécialisée pour que Google finisse par proposer de rétablir les accès refusés à cette société allemande sur Android. Ce jeudi 15 mai, la start-up européenne, qui propose « des alternatives open source au Workspace de Google et à Microsoft 365 », a annoncé sur son site Web que Google avait finalement « proposé de rétablir l’autorisation (refusée depuis des mois, NDLR), ce qui permettra à nos utilisateurs de retrouver les fonctionnalités perdues ». Un soulagement pour l’entreprise qui, deux jours plus tôt, accusait Google de « comportement clairement anticoncurrentiel » à son égard.

La société allemande, qui prône « la protection de la vie privée et la souveraineté numérique », était alors contrainte de proposer « moins de fonctionnalités que Google Drive » du fait de Google, propriétaire du système d’exploitation Android, regrettait mardi 13 mai Frank Karlitschek, fondateur à la tête de la société, sur son compte LinkedIn. L’entreprise européenne aux 140 salariés, qui nous précise avoir 834 000 utilisateurs sur Android, accusait ni plus ni moins le géant américain d’abus de position dominante. Contacté par 01net.com, Google n’avait pas répondu à notre demande de commentaires, à l’heure de la publication de cet article.

La nouvelle version de l’application rejetée pendant des mois par Google

Les problèmes auraient commencé l’été dernier, rapportait mercredi 14 mai Christoph Weissthaner, responsable de la communication de la société européenne, que nous avons rencontré. Depuis 2016, leurs utilisateurs peuvent passer par Nextcloud pour stocker leurs fichiers. Ils peuvent notamment synchroniser leurs données (photos, vidéos, fichiers textes, pdf etc) de leur smartphone Android ou Apple (iOS) vers cette application.

Si tout se passe bien jusqu’à l’année dernière, les problèmes commencent au milieu de l’année 2024. Alors que des améliorations sont apportées à l’application sur Android, « comme cela a été fait à maintes reprises pour des mises à jour, la nouvelle version de l’application est cette fois rejetée par le géant américain, au prétexte “qu’elle n’était plus conforme à leur réglementation” », nous détaillait le responsable de communication. « Des raisons de sécurité » avaient été invoquées, selon la start-up. Résultat, l’accès pour télécharger les fichiers de l’appareil, dont Nextcloud disposait depuis des années selon la société, est révoqué. Or, cet accès est indispensable :  c’est lui qui permet à l’application de lire, d’écrire les fichiers, et de les synchroniser sur Nextcloud.

S’en sont alors suivis plusieurs mois de conversations, de recours et de va-et-vient entre la start-up et le support de Google jusqu’à ce jeudi 15 mai, en début d’après-midi, explique l’entreprise allemande. D’un côté, la société américaine demandait à la start-up d’utiliser « un remplacement plus respectueux de la vie privée », citant Storage Access Framework (SAF) ou l’API MediaStore. De l’autre, Nextcloud expliquait proposer justement des espaces de stockage respectueux de la vie privée. En retour, « nous n’avions reçu que “des copiers-collers” », des réponses génériques, déplorait mercredi 14 mai Christoph Weissthaner. Pour la start-up, il était alors impossible de s’adresser à une autre personne au sein de Google pour expliquer la situation… jusqu’à ce jeudi, en début de matinée. 

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Un précédent avec Microsoft : l’affaire, portée en justice, n’a pas bougé depuis 4 ans

Au-delà d’un problème d’assistance technique qui aurait duré plusieurs mois, Nextcloud déplorait un énième cas de petite société délibérément paralysée par un géant de la tech, qui favorise ses propres services et met des bâtons dans les roues à des entreprises concurrentes (européennes). Visiblement, la situation aura finalement duré seulement quelques mois. Nextcloud n’en est pas à son premier bras de fer avec un mastodonte du numérique. En 2021 déjà, l’entreprise, avec une trentaine d’autres sociétés, avait attaqué en justice Microsoft, sur le terrain de la concurrence déloyale. Et sur ce dossier, rien n’a bougé depuis quatre ans, déplorait le chargé de communication qui nous décrivait une application de la règlementation européenne, et des actions en justice beaucoup trop lentes face aux géants du numérique.

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« Prenez le conflit de navigateurs entre Netscape et Microsoft. Netscape a gagné à la fin, mais au moment où ils ont gagné, ils avaient été chassés du marché », regrettait ce dernier. Et c’est justement ce que souhaitait éviter cette entreprise : être exclue du marché. En attendant une possible réaction de Google qui est finalement arrivée ce jeudi, l’application sur Android fonctionnait en vitesse réduite. Pour pouvoir continuer à proposer cette dernière, l’application avait dû limiter le type de fichiers qui peuvent être sauvegardés sur Nextcloud – à savoir, les fichiers audios et vidéos. Cette limitation avait suscité de nombreuses plaintes chez les utilisateurs, nous décrivait le responsable de communication, liens vers des forums à l’appui.

« Les grandes entreprises technologiques ont peur que de petits acteurs comme Nextcloud les perturbent, comme elles ont déjà perturbé d’autres entreprises. Elles essaient donc de fermer la porte », écrivait Nextcloud dans son article de blog. Ladite porte semble finalement s’être rouverte, face à la bronca des utilisateurs et de la petite start-up. Ce jeudi 15 mai en début d’après-midi, l’entreprise a en effet annoncé « une bonne nouvelle ». Google va rétablir les accès refusés. Et « une mise à jour finale avec toutes les fonctionnalités restaurées » est en cours. Le retour à la normale devrait arriver en début de semaine prochaine. 

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