Google et OpenAI veulent piller les œuvres librement, les artistes ne sont pas d’accord

Openai Entreprise Ia


Comment justifier le pillage institutionnalisé des œuvres de l’esprit au profit des intérêts des entreprises privées ? OpenAI et Google ont avancé auprès de l’administration Trump l’argument de la « sécurité nationale » et la nécessité pour les États-Unis de rester en tête du secteur de l’IA générative face à la menace chinoise. Les artistes et les créateurs, qui risquent d’y perdre des plumes, se rebiffent.

OpenAI et Google, deux des entreprises les plus en pointe dans le domaine de l’IA générative, ont récemment réclamé au gouvernement américain de pouvoir entraîner leurs modèles sur des œuvres protégées par le droit d’auteur sans être inquiétés par les ayants droit. OpenAI en particulier est régulièrement la cible de plaintes d’auteurs ou d’éditeurs de presse, la startup ayant la fâcheuse habitude de piocher dans tout ce qui traine sur internet sans trop de considération pour les créateurs.

Les artistes de Hollywood vend debout contre les entreprises IA

La Maison Blanche a demandé à l’industrie, au secteur privé et aux individus de s’exprimer sur l’AI Action Plan, une initiative censée « renforcer la position des États-Unis en tant que puissance de l’intelligence artificielle » en évitant que des « exigences contraignantes » entravent l’innovation. OpenAI et Google ont été trop heureux de soumettre leurs contributions.

OpenAI a ainsi expliqué que l’accès libre aux contenus protégés par le droit d’auteur dans le cadre du « fair use » (« usage équitable ») pourrait tout à la fois « protéger les droits et intérêts des créateurs de contenu » et « [préserver] le leadership américain en IA et la sécurité nationale ». Difficile pour autant d’imaginer comment tout cela pourrait s’articuler.

OpenAI agite la menace chinoise pour réclamer cette souplesse : « Il ne fait guère de doute que les développeurs d’IA de la RPC [République populaire de Chine] bénéficieront d’un accès illimité aux données — y compris aux données protégées par le droit d’auteur — pour améliorer leurs modèles », écrit l’entreprise. « Si les développeurs de la RPC ont un accès sans restriction aux données tandis que les entreprises américaines se retrouvent privées d’un accès équitable, la course à l’IA sera, de fait, terminée ».

Google acquiesce aux arguments de son rival. Le moteur de recherche affirme ainsi que les politiques en matière de droit d’auteur, de confidentialité et de brevets peuvent « entraver l’accès approprié aux données nécessaires à l’entraînement des modèles les plus avancés ». Le groupe estime aussi que les politiques de « fair use » ont été « essentielles » pour entraîner l’IA.

« Ces exceptions permettent d’utiliser du matériel protégé par le droit d’auteur et disponible publiquement pour l’entraînement de l’IA, sans impact significatif sur les titulaires de droits », assure Google. « Elles évitent également des négociations souvent imprévisibles, déséquilibrées et interminables avec les détenteurs de données lors du développement des modèles ou d’expérimentations scientifiques».

La perspective d’un pillage institutionnalisé ferait certainement les affaires des mastodontes de l’IA, beaucoup moins celles des créateurs qui seraient privés de toute rémunération. Plus de 400 créatifs de l’industrie du cinéma à Hollywood ont signé une lettre ouverte — dont Ben Stiller, Mark Ruffalo, Cate Blanchett ou encore Taika Waititi — dans laquelle ils se disent « fermement convaincus que le leadership mondial de l’Amérique en matière d’IA ne doit pas se faire au détriment de nos industries créatives essentielles ».

Pour les signataires, les entreprises de l’IA cherchent à « saper » la force économique et culturelle pour entraîner des modèles qui permettent à ces mêmes sociétés d’être valorisées des milliards de dollars. OpenAI et Google voudraient une « exemption spéciale » pour exploiter « librement » les industries créatives, « malgré leurs revenus substantiels et les fonds dont elles disposent ».

Il y a là deux mondes que tout oppose, et c’est le cas partout où les gouvernements cherchent à affaiblir le droit d’auteur au profit de l’IA. Au Royaume-Uni, les artistes ont lancé une offensive massive contre un projet de loi similaire.

Lire L’IA en sourdine : des artistes britanniques protestent contre le pillage de leurs œuvres avec un album muet

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