Un outil d’intelligence artificielle générative pour récupérer et reformuler des informations publiées par d’autres, et en faire de beaux articles tout neufs. Comment, ce n’est pas déjà le cas ?…
L’incidence du développement de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi reste flou et sujet à controverse. Une récente étude menée par Goldman Sachs a par exemple révélé qu’il n’était pas systématiquement rentable de remplacer l’humain. Mais sans trop s’avancer, il est probable que les métiers relevant de la rédaction / traduction, et même de la programmation à en croire le patron de NVIDIA, soient bouleversés. Surtout lorsque des entreprises comme Google s’y mettent…
Une plateforme de génération de contenus par l’IA
C’est ce qui transparaît dans un rapport du site Adweek. Celui-ci allègue que le géant de Mountain View rémunère des éditeurs afin qu’ils expérimentent un programme permettant de rédiger des articles de presse grâce à l’IA. Pour le moment, cette plateforme, comprise dans la Google News Initiative amorcée en 2018, ne serait qu’au stade bêta. L’appel aux candidatures a eu lieu en octobre et le programme a démarré ce mois-ci, toujours selon les informations partagées par notre confrère.
Déjà l’année dernière, Google avait mis à disposition des rédacteurs une AI baptisée Genesis. Officiellement, elle n’est pas censée les remplacer, mais plutôt les épauler dans leur travail. De fait, certaines rédactions proposent déjà du contenu généré par l’IA – avec des résultats plus ou moins probants.
Pour la nouvelle plateforme, Google propose, en échange d’une « rémunération à cinq chiffres » (donc allant de 10 000 euros à 99 999 euros, soit un gap conséquent), d’y avoir recours pour publier trois articles par jour, une lettre d’information par semaine et une campagne marketing mensuelle ; ce, durant 12 mois. Une longue période qui doit permettre à Google d’amasser de nombreuses données.
Un aspirateur à articles
D’après la description faite par la source, l’outil collecte des contenus issus de différents sites web préalablement sélectionnés par une rédaction. Il synthétise les publications dans un tableau de bord. Un rédacteur – bien humain – choisit ensuite certaines propositions afin que l’IA se charge de les transposer en articles. Dans la production finale, les bouts de texte sont surlignés selon un code couleur ; ce code indique à quel point les passages ont été transformés ou repris mot pour mot. Le rédacteur doit tout de même vérifier l’article avant publication.
Soyons clairs ; recracher des dépêches AFP, voire des articles d’autres médias, n’a pas attendu l’IA pour être pratiqué à outrance. Seulement cette conduite engage la responsabilité de celui qui la met en application, et jusqu’ici, implique, a minima, de renseigner la source – courtoisie de plus en plus sabordée par certains médias, sous prétexte qu’elle nuit au SEO ; vous apprécierez l’intégrité.
L’outil de Google implique toutefois deux biais. Le premier, c’est que les sites web dont le contenu est récupéré ne sont pas informés de cette réutilisation par Google, et par extension d’autres médias ; ils n’en tirent donc aucun bénéfice. Par ailleurs, comme souvent, le respect du droit d’auteur est partiellement bafoué. De fait, ce « pillage numérique » par l’IA générative suscite de nombreux débats depuis plusieurs mois.
Le second truchement est que les éditeurs partenaires ne sont pas tenus de discriminer les articles générés par l’IA auprès de leur lectorat. Bien sûr, chacun est libre de lire du texte généré par l’IA s’il le souhaite ; mais gageons que la plupart préfèrent le faire en connaissance de cause.
Google soutient le bien-fondé de sa démarche
Un représentant de Google a réagi à l’article de notre confrère. Il a déclaré : « En partenariat avec les éditeurs de presse, en particulier les plus modestes, nous étudions actuellement les possibilités de fournir des outils basés sur l’IA pour aider les journalistes dans leur travail. Les spéculations sur l’utilisation de cet outil pour republier le travail d’autres organes de presse sont inexactes. L’outil expérimental est conçu de manière responsable pour aider les petits éditeurs à produire un journalisme de haute qualité en utilisant des données factuelles provenant de sources publiques, telles qu’un bureau d’information, un gouvernement ou une autorité sanitaire. Ces outils ne sont pas destinés à remplacer le rôle essentiel des journalistes dans la rédaction, la création et la vérification des faits de leurs articles ».
Pour sa part Jason Kint, PDG de Digital Content Next, estime qu’il « est difficile d’affirmer que voler le travail des gens soutient une mission d’information. Cela n’apporte aucune nouvelle connaissance ».
Difficile de donner tort à Jason Kint dans l’absolu, bien qu’il s’agisse d’une vision très idéaliste de la rédaction. Dans tous les cas, s’il y a bien une chose qu’une IA ne peut pas voler à de véritables journalistes, c’est la capacité à délivrer des informations inédites.
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Source :
Adweek