Google remet une pièce dans Manifest V3, la prochaine version de l’architecture des extensions pour Chrome. L’an dernier, devant la levée de boucliers, le moteur de recherche l’avait mis sur pause histoire de faire quelques modifications… et de revenir à la charge.
La transition vers Manifest V3 est de nouveau d’actualité chez Google. En décembre dernier, l’entreprise avait suspendu la dépréciation de Manifest V2 pour prendre en compte les retours des développeurs et d’apporter un certain nombre de modifications pour combler les lacunes. C’est une manière diplomatique de dire que Google a essuyé une véritable volée de bois vert de la part des développeurs d’extensions — en particulier les bloqueurs de contenus —, des défenseurs des libertés civiles de l’Electronic Frontier (EFF) et de la fondation Mozilla.
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Le Manifest de Chrome est un ensemble de dispositions pour les extensions. La version 3, en gestation depuis 2019, introduit de nouvelles règles de fonctionnement et notamment des restrictions sur les capacités de blocage de contenu. Google explique qu’il s’agit d’améliorer les performances et la sécurité du navigateur web, mais les opposants déplorent les contraintes qui réduisent l’efficacité des bloqueurs de publicité — or, ce sont les extensions les plus populaires de Chrome.
Parmi les modifications apportées à Manifest V3 se trouve le relèvement du nombre de règles que les bloqueurs de contenus peuvent inclure : le seuil passe de 5 000 à 30 000. Ce nouveau plafond, qualifié de « généreux » par Google, ne l’est pas tant que ça quand on sait qu’uBlock Origin contient 300 000 règles que l’utilisateur peut activer… Sans compter celles qu’il peut créer. Surtout, cette limite semble complètement artificielle et arbitraire, décidée au doigt mouillé.
Google repart à la charge
Malgré tout, Google s’est trouvé des alliés, notamment AdGuard, qui se dit « très optimiste sur cette nouvelle plateforme unifiée [qui] apportera des avantages substantiels à l’ensemble de l’écosystème des extensions de navigateur ». Reste à voir si tous les développeurs de bloqueurs et tous les utilisateurs seront du même avis.
Firefox et d’autres navigateurs alternatifs pourraient en effet profiter du chaos provoqué par Manifest V3 pour gratter quelques parts de marché. Coïncidence ou pas, Google s’emploie d’ailleurs à ralentir le chargement des vidéos YouTube chez les utilisateurs de bloqueurs de pub, sauf… sur Chrome.
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Google détaille le nouveau calendrier de mise en place du Manifest V3. À partir de juin prochain, les versions Dev, Canary et Beta de Chrome 127 vont désactiver les extensions Manifest V2 ; les utilisateurs ne pourront plus installer ce type d’extensions depuis le Chrome Web Store. Google veut récolter des retours et des données pour « s’assurer que les utilisateurs de Chrome comprennent les changements et ce qu’ils peuvent faire pour trouver des alternatives et des extensions à jour ».
Cette période d’observation durera « au moins un mois », ensuite Manifest V3 fera son apparition dans la version stable de Chrome, autrement dit pour le grand public. L’entreprise recommande aux développeurs d’extensions répondant au cahier des charges Manifest V2 de migrer vers la nouvelle mouture.
Source :
Google