Hierarchy : le thriller de bac à sable

Hierarchy : le thriller de bac à sable



Kang Ha est un élève boursier, qui intègre le très prestigieux et très cher lycée Jooshin. Mais, contrairement à ses homologues boursiers, il n’est pas décidé à jouer le jeu.

Lutte des classes à la coréenne

On avait déjà parlé du système de classes, qui peut sembler particulièrement archaïque, en Corée du Sud. À côté, Downton Abbey fait figure de révolution marxiste. Dans Hierarchy, chaque élève doit rester à sa place : les riches et les puissants d’un côté, les boursiers de l’autre. Surtout, pas de mixité et pour ne pas commettre d’impair, les boursiers ont une cravate de couleur différente.

Vue de France, la chose fait hurler, notamment quand on nous explique du soir au matin que l’uniforme a pour objectif de gommer les différences de classes sociales. Kang Ha intègre donc ce lycée, mais, contrairement aux autres boursiers, il décide de côtoyer les élèves bien nés. Ce qui attire la curiosité des filles et la jalousie des garçons.

À ce stade, il convient aussi d’indiquer que si l’élève est boursier, il n’est pas pour autant dans une situation précaire. Dans cette série, personne ne dort dans un HLM à moitié délabré, dans un quartier poubelle. Les boursiers vont au lycée en bus, signe de déchéance sociale, tandis que les autres sont conduits tous les matins en voiture de luxe avec chauffeur et chasseur qui ouvre les portières.

Mais, Kang Ha n’est pas là pour faire la révolution. Il a un objectif précis : savoir qui a tué son frère.

Incohérences à tous les étages

Pour savoir qui a tué son frère — dont on apprend qu’il est son jumeau — Kang Ha se rapproche dangereusement de Jung Jae-i, une héritière promise à un mariage arrangé par son père. Celle-ci est amoureuse de Kim Ri-an et cache un lourd secret.

Son frère, qui la déteste, l’a filmé alors qu’elle avait un rapport sexuel avec Kim Ri-an. Par Instagram, elle reçoit des messages anonymes de harcèlement et de menaces. Son harceleur sait qu’elle est tombée enceinte. Si l’affaire est révélée, son mariage est compromis et son père sera furieux que la fusion qui doit résulter de cette union tombe à l’eau.

Au lieu de contacter la police ou même de parler à un adulte, Jung Jae-i parle à sa meilleure amie, avec elle entretient des rapports conflictuels, pour débusquer le coupable. Coupable qui s’avère avoir accès à toutes les caméras de surveillance du lycée et qui le fera exploser — pas au sens propre.

Ce qui est assez merveilleux dans cette série, c’est que les adultes sont totalement défaillants. Kang Ha semble être une génération spontanée. Jung Jae-i est sous la coupe d’un père complètement abusif. Les autres adolescents ont l’air livrés à leur sort, d’où le parallèle avec Gossip Girl : les parents n’étaient là que pour signer des chèques.

Société toxique

Sur le plan des valeurs — même si cette expression ne veut pas dire grand-chose — on a l’impression que la Corée du Sud est restée bloquée au XIXe siècle européen. Personne n’a l’air de pouvoir réellement choisir sa destinée. Les classes sociales sont figées.

On le voit assez bien Jung Jae-i, qui affiche toujours la même tête. C’est probablement ce qui a été demandé à l’actrice, mais elle est aussi expressive qu’une bouteille de lait. Les adultes autour d’elle n’ont absolument pas l’air gênés que son père la force à se marier, comme une pouliche.

Quant au corps professoral, il est pathétique. Les professeurs voient que les élèves boursiers font l’objet de brimades, de harcèlement et d’intimidation. Mais, comme les élèves ont des parents qui ont beaucoup d’argent, il faut se taire et détourner les yeux. Du pas de vague à la sauce coréenne, qui donne envie de brûler l’établissement.

Que dire des policiers ? Ils arrivent après la guerre si on peut dire les choses ainsi et pour sanctionner une seule personne. Tous les autres s’en tirent et c’est la sans-classe, certes coupable de certaines choses, qui paiera le prix le plus cher, tandis que nos charmants élèves s’en tirent avec un blâme scolaire.

Passable, mais sans plus

Le point le plus intéressant dans la série reste l’utilisation des caméras de surveillance dans le lycée, qui fournit une arme contre les élèves et les professeurs. Comme il n’y avait personne pour surveiller les surveillants, cela permet à certains d’en tirer profit.

En dehors de cela, le jeu des acteurs est passable, mais, sans plus. Hierarchy se laisse regarder, sans qu’on s’attache réellement aux personnages ni à l’histoire. Quant au dernier épisode, il s’étend en longueur. On aurait amplement pu sabrer trente minutes ou au moins les consacrer à répondre à certaines questions, qui sont restées en suspens.

Hierarchy est sans doute destiné aux personnes qui ont déjà un attachement aux contenus coréens et qui ne seront pas dérangées outre mesure par certains faits. C’est moins malsain que The Glory, mais pas aussi mignon que Celebrity qui était une véritable réussite.

Hierarchy est disponible sur Netflix.



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