Le patron de HP a expliqué en toute honnêteté pourquoi les imprimantes de son entreprise bloquait les cartouches d’encre concurrentes.
On ne peut pas reprocher à Enrique Lores, le patron de HP, une certaine fraîcheur. Il a en effet déclaré lors d’une interview à CNBC que si le constructeur bloquait l’utilisation de cartouches concurrentes sur ses imprimantes, c’est « pour protéger notre propriété intellectuelle ». « Nous intégrons beaucoup d’IP dans les encres de nos imprimantes, dans les imprimantes elles-mêmes… Et ce que nous faisons, c’est que lorsque nous identifions des cartouches qui enfreignent notre IP, nous empêchons l’imprimante de fonctionner », a-t-il ajouté.
HP ne veut pas de consommateurs « non rentables »
Autrement dit, tout est bon pour bloquer l’utilisation de cartouches moins chères, y compris des mises à jour de firmware qui empêchent le fonctionnement normal des imprimantes. HP a lancé en 2016 la fonction Dynamic Security dont l’objet est donc de protéger l’IP de l’entreprise, et donc quelque part sa bonne santé financière.
Enrique Lores n’a pas donné de chiffre, mais il a confirmé que le constructeur perdait de l’argent sur les ventes d’imprimantes. C’est sur la vente de consommables — les cartouches — que HP fait son beurre, et au vu des prix pratiqués il est assez naturel que les consommateurs cherchent à voir ailleurs. Chez HP, il n’a plus vraiment le choix et c’est ce qui motive une énième plainte.
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Le CEO de HP a aussi avancé une explication étonnante pour justifier le blocage des cartouches tierces : elles pourraient infecter le PC et le réseau des utilisateurs ! « Nous avons vu qu’il était possible d’intégrer des virus dans les cartouches. À travers la cartouche, le virus va dans l’imprimante, puis sur le réseau », affirme-t-il.
Le patron de l’entreprise s’appuie sur une étude (produite par HP) suite à une chasse aux bugs pour déterminer si une cartouche pouvait être une cybermenace, et plus particulièrement la puce reprogrammable intégrée à la cartouche. Elle sert à communiquer avec l’imprimante, et pourrait servir de vecteur d’attaque.
Des chercheurs de Bugcrowd ont effectivement débusqué la présence d’une faille dans l’interface série entre la cartouche et l’imprimante. Elle permet à un pirate d’injecter du code dans l’appareil. Tout cela est théoriquement possible, mais dans la pratique aucune exploitation de cette vulnérabilité n’a été identifiée. Et pour cause, il faudrait que les pirates aient des moyens assez conséquents pour utiliser la faille.
Il s’agit toutefois d’une menace potentielle… que HP a bouchée avant qu’elle soit débusquée ! L’étude en question et la découverte de la faille remonte à 2022, six ans après la mise en place de Dynamic Security…
Enrique Lores ne s’est pas arrêté là. L’objectif de l’entreprise ces dernières années a été de « réduire le nombre de ce que nous appelons les clients [qui ne sont pas] rentables ». Les consommateurs qui achètent une imprimante HP ont généralement le sentiment de faire un investissement, mais le constructeur renverse la charge de la preuve : « À chaque fois qu’un consommateur achète une imprimante, c’est un investissement pour nous. Nous investissons dans ce consommateur, et s’il n’imprime pas suffisamment ou n’utilise pas nos fournitures, c’est un mauvais investissement ».
La stratégie de HP est donc de transformer l’utilisateur en abonné complètement captif, en le poussant à souscrire à l’abonnement Instant Ink pour recevoir régulièrement de nouvelles cartouches ou toners. Quitte à user de méthodes expéditives…
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Source :
ArsTechnica