Huawei construit un réseau secret d’usines de puces au nez et à la barbe des restrictions américaines

L’immense stand de Huawei lors du Mobile World Congress de Barcelone en février 2023.


Aux grands maux les grands remèdes. Pour contourner les restrictions qui l’empêchent d’utiliser des technologies américaines dans ses produits, Huawei aurait bâti un véritable réseau secret pour s’approvisionner en puces.

En 2019, le ministère US du Commerce plaçait Huawei sur liste noire. Depuis, les restrictions n’ont cessé de se durcir, interdisant de fait aux entreprises américaines de travailler avec le géant chinois. Huawei a trouvé une feinte consistant à acheter discrètement des usines avec un faux nez. Un véritable réseau secret de fabrication de semi-conducteurs qui contourne l’interdiction américaine, selon Bloomberg.

Le faux nez de Huawei

La Semiconductor Industry Association (SIA), un groupe composé des grands noms américains et mondiaux de l’industrie des semi-conducteurs — on y trouve aussi bien Intel que Samsung ou TSMC — a tiré la sonnette d’alarme. L’association a identifié cinq usines de fabrication de puces électroniques financées par Huawei sous d’autres noms. Elles sont localisées autour de Shenzhen, où l’entreprise a ses quartiers généraux.

Huawei aurait reçu 30 milliards de dollars de l’État chinois pour créer ce réseau : deux usines ont été rachetées, les trois autres sont sorties de terre. Les sous-traitants qui utilisent des technologies ou des équipements américains doivent obtenir une licence spéciale avant de fournir des entreprises sur liste noire comme Huawei (ce qui arrive très rarement). Mais voilà : si ces lignes de production opèrent sans le « label » Huawei, il est difficile pour les fournisseurs de ces usines de savoir pour qui ils travaillent réellement…

Malgré les restrictions américaines, les entreprises chinoises peuvent sans trop de problème acquérir des machines pouvant produire des puces gravées en 28 nm. C’est énorme pour des appareils de pointe comme l’iPhone (la puce A17 des iPhone 15 devrait ainsi être gravée en 3 nm), en revanche c’est suffisant pour la plupart des voitures électriques ou pour de l’équipement militaire.

Une course de fond technologique

Par le biais de ce réseau d’usines « clandestin », Huawei pourrait donc indirectement exploiter des équipements américains pour fabriquer des puces. Pour la Maison Blanche et ses alliés, c’est un problème immédiat, mais c’est surtout sur le long terme que cette stratégie pourrait devenir un sacré casse-tête.

Car un des dangers de cette souplesse laissée aux sociétés chinoises, c’est qu’elles peuvent s’appuyer sur ces technologies vieillissantes pour apprendre à concevoir des gravures plus fines. Dans quelques années, avec l’expérience accumulée, qui dit que la Chine — et Huawei — ne fera pas aussi bien en termes de semi-conducteurs que Taïwan ? Ce d’autant que d’ici 2030, Pékin compte investir plus de 100 milliards de dollars dans la construction d’usines de puces sur son territoire. De quoi court-circuiter les Occidentaux dans cette course au silicium…

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Source :

Bloomberg



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