Le soutien aux Palestiniens est censuré de façon « systémique » sur Facebook et Instagram depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié jeudi 21 décembre. L’organisation américaine de défense des droits humains juge que le géant du Web Meta contraint « de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine » sur ces deux plates-formes, en les supprimant ou en les rendant invisibles.
HRW a examiné plus de mille incidents advenus en octobre novembre sur des posts « au contenu pacifique », provenant d’internautes de soixante pays, dont la France, qui exprimaient leur appui à la cause palestinienne ou leur effarement face au lourd tribut payé par les civils dans les bombardements israéliens menés sur la bande de Gaza en représailles à l’attaque du Hamas du 7 octobre en Israël.
Ainsi, un internaute a reçu un avertissement après avoir mis sur Instagram des émojis du drapeau palestinien ; selon la modération, cela pouvait « être blessant pour les autres. » Des slogans appelant à un « cessez-le-feu immédiat » ou à la « libération de la Palestine » ont été « supprimés à maintes reprises ». Des activistes palestiniens connus ont vu leur compte suspendu ou désactivé.
A l’inverse, lorsque des internautes ont signalé des commentaires – écrits en réponse à leurs posts initiaux – comme « Transformez Gaza en parking » ou « J’espère [qu’Israël] va effacer la Palestine de la surface de la terre », la modération d’Instagram a jugé que ces propos « ne violaient pas les règles de la communauté ».
HRW dénonce des entraves à la liberté d’expression
La bataille fait pourtant rage sur les réseaux sociaux, où des soutiens des Palestiniens et des Israéliens cherchent à mobiliser au quotidien et partagent leurs indignations. Mais, selon HRW, les pratiques de Meta poussent des internautes solidaires des Palestiniens à s’autocensurer pour ne pas se retrouver dans le collimateur de la modération. Certains mots – comme « Palestine » – sont délibérément déformés pour éviter le mur de la censure. Les Palestiniens, qui estiment avoir peu ou pas de voix dans les médias occidentaux, comptent sur les réseaux sociaux pour se faire entendre.
Ce n’est pas la première fois que Human Rights Watch dresse un tel constat : en 2021, l’organisation avait publié un premier rapport documentant « la censure par Facebook des discussions sur les droits humains liées à Israël et à la Palestine ». Meta s’était alors engagé à modifier ses politiques de modération. Mais l’entreprise n’a pas tenu ses promesses, déplore HRW, selon qui les restrictions se sont même exacerbées. L’ONG met en cause le recours prépondérant à la modération automatique et une « influence excessive des gouvernements sur les suppressions de contenus ».
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