La sonde Voyager 1 a traversé tout le système solaire et est parvenue depuis 46 années de voyage dans l’espace interstellaire hors de la zone d’influence du Soleil. C’est déjà un immense exploit de se retrouver à 24 milliards de kilomètres et de constater qu’une partie des équipements continue de fonctionner malgré tout ce temps.
Ces derniers mois, la sonde a toutefois rencontré un problème de communication qui l’a conduite à envoyer des séries de 0 et de 1 au lieu des habituelles données de vol.
Que la force (du poke) soit avec toi
La bonne nouvelle était qu’elle semblait toujours être au moins partiellement à l’écoute des instructions envoyées depuis la Terre. Le problème avait été identifié au niveau du FDS (Flight Data Subsystem) qui n’échangeait plus correctement ses données avec le module de télécommunication.
Avec des instructions mettant 22h30 pour parvenir à la sonde et autant pour confirmer leur exécution, il restait difficile de corriger rapidement le problème, avec le risque de perdre complètement le contact avec Voyager 1 malgré une réserve d’énergie pas encore totalement épuisée.
Dans ce cas, la sonde continuerait indéfiniment son chemin à travers l’Univers et constituerait l’objet technique humain le plus lointain jamais lancé. Dans une dernière tentative testée le 1er mars, l’équipe supervisant Voyager 1 a envoyé une commande spécifique, ou poke, forçant le FDS à lancer différentes séquences de son programme dans l’espoir de contourner la difficulté (peut-être liée à une corruption mémoire) qui le conduit depuis des mois à envoyer les mêmes séquences de 0 et de 1.
Voyager 1 babille
Il a fallu attendre les 45 heures d’aller et retour du signal mais cela en valait la peine puisque l’équipe a reçu le 3 mars de nouvelles séquences de données, différentes de ce que la sonde renvoyait jusque-là.
Le message n’est toujours pas dans le bon format mais une partie de son contenu a pu être décodée quelques jours plus tard avec en retour l’état de la mémoire du FDS (les valeurs, les commandes et les données techniques), ce qui va permettre une comparaison avec les données avant l’irruption du problème, en quête de ce qui a pu changer depuis et faire dysfonctionner le FDS.
Cela laisse l’espoir de trouver une solution au problème de communication rencontré et de pouvoir de nouveau récupérer les données de vol et des instruments de Voyager 1 plus de quarante ans après son lancement.