Le tribunal municipal de Moscou a condamné, mercredi 26 juillet, Ilia Satchkov, le fondateur de l’entreprise russe de cybersécurité Group-IB, à quatorze ans de prison pour « haute trahison », selon une journaliste de l’Agence France-Presse présente à l’audience. M. Satchkov devra purger sa peine « dans une colonie pénitentiaire à régime sévère », a déclaré le juge, Alexandre Rybak, à l’issue de la délibération.
Dix-huit ans de prison avaient été requis contre M. Satchkov, jugé à huis clos, tandis que son avocat, Sergueï Afanassiev, avait plaidé en faveur d’un acquittement.
M. Satchkov, 37 ans, avait été arrêté en septembre 2021, mais très peu de détails relatifs à l’affaire ont été dévoilés, les enquêtes pour « haute trahison » étant classées secret-défense. Selon l’accusation mercredi, M. Satchkov « a collecté des informations en 2011, sur instructions d’[un service] de renseignement étranger ».
« Ni un traître ni un espion »
Selon l’agence de presse Ria Novosti, qui cite la défense de M. Satchkov, les accusations ne sont pas liées à Group-IB, une entreprise fondée en 2003, devenue une des entreprises russes les plus réputées en matière de prévention des cyberattaques, travaillant avec de nombreuses firmes occidentales. Dans une lettre ouverte publiée en novembre 2021, M. Satchkov avait affirmé n’être « ni un traître ni un espion », mais un « ingénieur russe » ayant prouvé « à maintes reprises [s]a loyauté envers [s]a patrie ».
« C’est un moment difficile pour nous tous et un jour noir pour le marché de la cybersécurité », a réagi dans un communiqué Valeri Baouline, le directeur général de FACCT, une autre entreprise russe de cybersécurité.
En février 2019, M. Satchkov avait été décoré par le président Vladimir Poutine pour sa « percée innovante » dans le domaine de la détection et de la prévention des cybermenaces.
Les affaires de haute trahison se sont multipliées au cours des dernières années en Russie, parallèlement à l’aggravation des tensions avec les Occidentaux, visant notamment des scientifiques et des universitaires.