« Indiana Jones et le cercle ancien », l’archéologue revisite avec panache son propre patrimoine

« Indiana Jones et le cercle ancien », l’archéologue revisite avec panache son propre patrimoine


Dès les premières secondes d’Indiana Jones et le cercle ancien (dont la sortie est prévue sur consoles Xbox Series, PC et Game Pass le 9 décembre), on aperçoit l’archéologue de dos, en légère contre-plongée, en train de contempler une montagne. Celle-là même, emblématique, qui figure dans le plan d’ouverture des Aventuriers de l’arche perdue (1981). Avec cette scène seule, on comprend les modalités du contrat qu’on s’apprête à se voir proposer : celui d’une immersion en pleine nostalgie, où aucune convention ne sera malmenée, où aucun risque narratif ne sera pris, où aucun cahier des charges ne sera laissé incomplet.

Après nous avoir fait revivre la même séquence d’introduction que le film originel (avec l’idole volée et la course en avant, poursuivi par un rocher), l’inédit arrive finalement. Nous sommes en 1937 et Indiana part sur la piste du « cercle ancien », ligne imaginaire qui fait le tour du globe, sorte de second équateur qui permettrait de déterminer l’emplacement de pierres aux propriétés étranges. Celles-ci étant convoitées par les nazis, une course-poursuite s’élance alors à travers le monde. Le titre est ainsi composé de plusieurs chapitres dont certains sont courts et dirigistes quand d’autres, au nombre de trois (le Vatican, Gizeh et Siam), sont plus longs et se déroulent au cœur de zones ouvertes qu’il est possible d’explorer librement.

Bagarre aux doigts

Hormis quelques aires de sûreté, l’infiltration est de mise pour visiter les bases infestées de soldats allemands ou italiens. Rien de bien révolutionnaire : on attrape un objet contondant, on se glisse derrière le garde distrait, on l’assomme d’un coup sec et on recommence avec le suivant. Grande spécialité de l’homme au chapeau, on peut aussi faire parler le fouet ou les poings dans des rixes peu passionnantes. On n’utilisera les armes à feu qu’avec parcimonie, sous peine d’alerter toute la garnison.

L’aventure se joue en vue subjective : un choix particulièrement commenté, qui nous prive pendant la plupart des séquences du visage de sa vedette Harrison Ford – mais pas du timbre plus grave que jamais de Richard Darbois, son doubleur historique, mobilisé pour l’occasion si vous optez pour la VF. Une décision cependant loin d’être gratuite ou frustrante, tant les nombreuses cinématiques permettent d’observer sous toutes les coutures la cure de jouvence dont a bénéficié le modèle 3D de l’acteur de 82 ans.

Même si les nazis grouillent, difficile de ne pas être excité à l’idée de visiter Gizeh et ses pyramides.

Car la subjectivité met en avant l’autre star, les environnements. Des dorures ostentatoires du Saint-Siège à la jungle étouffante de Thaïlande, en passant par les tombes enfouies dans le désert égyptien et les sommets vertigineux de l’Himalaya, ils en imposent. Ce point de vue rapproché, comme celui d’un Bioshock (2007) ou d’un Resident Evil 7 (2017), crée une véritable relation d’intimité avec le danger et renforce encore notre stupeur quand s’effondre sur nous un temple en ruine ou que le sol se dérobe sous nos pieds.

Il aurait été de toute façon étonnant que MachineGames, à qui l’on a confié la tâche d’adapter ce monument, fasse un autre choix. Depuis 2010, si les Suédois s’illustrent, c’est essentiellement avec la série des Wolfenstein, des jeux de tirs qui ne s’envisagent qu’à la première personne. Cet Indiana Jones partage aussi avec leurs Wolfenstein un amour certain pour l’abattage de nazis au quintal, ainsi que pour les antagonistes totalement allumés, s’inscrivant ainsi dans la longue tradition des vilains mémorablement dingues qu’a mis en scène la saga au cinéma.

Quand Indiana Jones doit combattre, cela se fait généralement avec les poings plutôt qu’à couvert, une arme à feu à la main.

Les films ne sont jamais très loin

Ce respect du matériau original est aussi la limite de sa proposition, notamment quand ses sympathiques cinématiques confinent au mimétisme. Les experts seront forcément touchés par les clins d’œil de mise en scène, omniprésents, mais on préférera les rares fois où les phases d’action elles-mêmes nous poussent, instinctivement, à reproduire les improvisations de l’archéologue. Comme cette fois où un soldat japonais nous coince dans une ruelle et brandit de manière menaçante un sabre court : rien qu’une balle de revolver bien placée, une fameuse scène des Aventuriers de l’arche perdue le prouve, ne saurait régler. L’effet comique est alors encore plus puissant que dans les films.

On note enfin, dans un jeu qui serait sinon un quasi-remake du premier film de la saga, les efforts pour dépoussiérer la figure et l’univers d’Indiana Jones, et notamment les rôles féminins, bien plus forts que ceux des films – bien qu’en la matière, la barre soit basse. On accueille aussi favorablement, dans le discours, les quelques questionnements autour d’un personnage qui, in fine, profane les tombes et les sanctuaires. Cela n’empêche pas d’assister à des scènes un peu étonnantes, où notre héros brise sans cérémonie des artefacts millénaires : difficile après ça de prendre au sérieux ses laïus pourtant inspirés, incitant au respect des peuples et de leur patrimoine.

Le fouet sert autant au combat qu’à passer certains obstacles, un peu comme un grappin.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • vivre l’aventure à travers les yeux du plus célèbre des aventuriers ;
  • le dépaysement, les décors somptueux.

On a moins aimé :

  • l’hommage qui, parfois, occulte les spécificités du titre ;
  • les combats lourdauds et l’infiltration pas très inspirée.

C’est plutôt pour vous si :

  • vous pensez que la place d’Indiana Jones est sur votre écran plutôt que dans un musée.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous n’aimez pas les serpents. Vous détestez les serpents.

La note de Pixels :

288 ° sur 360 °.

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