Les stories s’enchaînent. Des influenceurs et vidéastes, qui jusque-là n’avaient pour la plupart pas ou peu pris la parole à propos de la guerre Israël-Hamas, partagent massivement, depuis lundi 27 mai, des contenus en faveur de la Palestine. L’élément déclencheur : le bombardement dimanche d’un camp de déplacés, dont le bilan s’élève à au moins quarante-cinq morts selon le ministère de la santé du Hamas. Le drame, qualifié d’« erreur tragique » par Benyamin Nétanyahou, survient deux jours après que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël d’arrêter « immédiatement » son offensive militaire à Rafah.
Flammes, hurlements, corps d’enfants… Sur les réseaux sociaux, les images de l’événement circulent et provoquent de vives réactions y compris chez les influenceurs et vidéastes français, d’habitude peu enclins à prendre la parole sur le sujet. Grimkujow, créateur de contenu et coprésentateur du très populaire talk-show « Zen » avec Maxime Biaggi sur Twitch, publie un message sur X (anciennement Twitter) à 1 h 20. « Les images sont horribles et les médias vont continuer de mentir sur la situation en Palestine, on se sent tellement impuissant continuez d’en parler autour de vous. Courage au peuple palestinien. » Mardi, sa publication a été vue par 1,3 million de personnes et « likée » 47 000 fois. Le créateur reprendra aussi la parole dans son émission Twitch, suivie par des centaines de milliers de spectateurs, et explique que lui et Maxime Biaggi ne peuvent pas « fermer les yeux sur ce qu’il se passe ».
S’il n’a pas directement pris la parole, le vidéaste Squeezie, ont noté des observateurs, a lui-même « liké » la publication d’Arkunir, personnalité influente sur X, dénonçant le bombardement près de Rafah. Et comme beaucoup d’influenceurs avant lui, le créateur de contenu aux 18,9 millions d’abonnés a partagé, sans la commenter, une vidéo du média en ligne Hugo Décrypte sur le bombardement. Le deuxième français le plus suivi sur YouTube a aussi ajouté un lien dans sa biographie Instagram vers la cagnotte « Help Children Living in Conflict » crée par l’organisation non gouvernementale Save the Children.
Appel au boycott, partage de cagnottes
Et il n’est pas le seul. Léna Situations, Maghla, Djilsi, et beaucoup d’autres personnalités du Web ont aussi partagé sur leurs réseaux sociaux leur position, avec souvent des liens vers des cagnottes qui visent à aider les familles palestiniennes à quitter le territoire. Ces différentes cagnottes, qui semblent être créées par les Palestiniens eux-mêmes ou par leurs familles, sont recensées par les internautes dans un document public partagé. Les influenceurs assurent qu’elles sont fiables et les relayent largement depuis lundi 27 mai.
Une prise de conscience spontanée ? Elle intervient en tout cas alors que, depuis plusieurs semaines, des internautes réclament de la part des influenceurs qu’ils prennent position. Né aux Etats-Unis le 6 mai en marge du Met Gala, le mouvement #blockout2024 recense les personnalités publiques qui ne prendraient pas position de façon assez claire en faveur du peuple palestinien et encourage les utilisateurs des réseaux sociaux à les « bloquer ». De la même manière, en France, le compte Instagram @blockout2024_france s’est attelé à identifier les comptes français à boycotter – le compte aux 48 000 abonnés recense ainsi 264 personnalités ou entreprises.
Des comités de soutien en faveur du peuple palestinien ont également émergé ces dernières semaines sur les réseaux. Ces collectifs informels demandent aux influenceurs de prendre position en parlant de la situation au Proche-Orient à leurs abonnés et de partager des liens vers des cagnottes pour les familles palestiniennes. Contacté la semaine dernière par Le Monde, l’un des comités les plus actifs en la matière n’a pas donné suite à nos sollicitations.