Pour sa première carte graphique gamer milieu de gamme “ARC 770”, Intel joue la carte d’un positionnement tarifaire agressif : à partir de 329 $HT, soit 400 € TTC. En face, Intel cible la RTX3060Ti qui se négocie au-delà de 600 € en France. Cela suffira-t-il à attirer les joueurs ?
Pour se faire désirer des joueurs, Intel joue sur une corde classique : le prix. L’américain qui vient juste d’annoncer officiellement la disponibilité de sa carte graphique gaming milieu de gamme ARC 770 a en effet lâché un prix de départ qui fait l’effet d’une bombe : 329 $. Un prix qui s’entend hors taxes pour la version à 8 Go de mémoire (il y a un second modèle avec 16 Go). Mais qui donne un prix de 400 € TTC pour une carte graphique qui cible explicitement la RTX3060Ti de Nvidia. Une carte milieu de gamme « plus plus », qui se négocie en France entre 600 et 700 € selon les versions. Lors de sa conférence de présentation, Intel a clairement souligné l’inflation des prix des GPU et compte sur des prix inférieurs pour séduire un public qui est généralement assez fidèle à ses marques – Nvidia ou AMD.
Lancée officiellement à partir du 12 octobre aux USA (nous attendons les dates et les prix français), l’ARC A770 est une carte basée sur la puce ACM-G10 « complète » – les cartes plus bas de gamme emploieront ce GPU, mais castré. Un GPU qui intègre 32 cœurs Xe qui peuvent fonctionner à 2,1 GHz, interfacés avec 8/16 Go de GDDR6 sur un bus 256 bits. Gravée en 6 nm par TSMC, cette puce intègre 21,7 milliards de transistors et affiche un TDP de 225W.
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Profitant de la modernité de son architecture, Intel promet des performances ray-tracing supérieures à celles de Nvidia (à segment égal), allant jusqu’à « +65% » – grâce à son XeSS, concurrent du DLSS. Vu la domination de Nvidia sur AMD dans le domaine, Intel créerait ici la surprise s’il arrivait effectivement à dépasser le maître actuel de cette technologie. Cette modernité a cependant un revers : la structure du GPU étant nouvelle et tournée vers l’avenir, ARC A770 serait très performant avec les jeux utilisant DirectX 12… Mais beaucoup moins avec les anciennes API (DX11 et en dessous, OpenGL, etc.). Ce qui peut sembler logique, Nvidia et AMD ayant passé ces vingt dernières années à peaufiner leur compatibilité avec les jeux.
Segment clé et puissance multimédia
Intel a doucement commencé à produire des GPU d’entrée de gamme, mobile comme desktop, mais surtout commercialisés en Asie. Avec ARC A770, Intel monte en puissance… mais pas trop. Et à raison : la marque est challenger sur le segment, et peu d’acheteurs lui feraient confiance pour des cartes à plus de 600-700 euros. Où AMD, mais surtout Nvidia, sont les plus présents et les plus crédibles – mais sur des marchés à faibles volumes. Par contraste, le segment de la RTX3060Ti est suffisamment premium pour créer de la valeur, mais aussi suffisamment volumique pour engranger des volumes. Si les gamers répondent présents, évidemment.
Ici, Intel gagnerait à parler à nouveau de ses technologies d’encodage et de décodage vidéo : son moteur multimédia « Xe Media Engine » (XeME) prend en charge matériellement la compression/décompression vidéo non seulement des formats h.264 et h.265, mais aussi du codec AV1. Un avantage sur ses concurrents, qui ne prennent en charge que le décodage du codec utilisé notamment par Netflix et YouTube.
Beaucoup de choses restent à évaluer pour ces nouvelles puces graphiques : les performances sur les jeux modernes, pour vérifier les dires d’Intel. La compatibilité et les performances sur les jeux plus anciens, pour voir où en sont les drivers. Le bénéfice réel d’un encodeur vidéo AV1 hardware aussi. Mais plus encore, c’est la disponibilité de ces cartes qui va compter. Ici, Intel a deux trimestres de retard et les premières cartes (ARC A380) n’ont été observées qu’au compte-goutte en Asie. Il faudra donc espérer qu’Intel soit plus engagé pour le lancement de cette carte plus premium.