A la traîne sur ses résultats, Intel revoit à la baisse ses ambitions européennes. La société américaine de production de semi-conducteurs a annoncé hier que les plans de construction de deux usines européennes, basées en Allemagne et en Pologne, seraient retardés de deux ans.
L’annonce d’Intel vient porter un coup aux ambitions européennes en matière de semi-conducteur. Et ce alors que l’Union européenne tente de rapatrier les capacités de production de ces composants essentiels pour l’industrie sur son territoire.
Les projets allemands et polonais à l’arrêt
En 2023, l’Allemagne avait ainsi promis une aide financière de 10 milliards d’euros pour inciter le constructeur à installer un projet d’usine basé à Magdebourg, un chantier représentant au total 30 milliards d’euros d’investissements. Mais le projet allemand avait pris du retard, tant sur le plan technique que politique et le chantier n’a pas encore été lancé.
De plus, la Commission européenne n’avait pas donné son feu vert pour la subvention promise par le gouvernement allemand, plaçant effectivement le chantier en pause en attendant le déblocage de la situation.
Le projet d’usine en Pologne, basé près de la ville de Wroclaw, avait de son coté tout récemment obtenu l’approbation de la commission pour les subventions promises par le gouvernement polonais : celui ci avait promis à Intel une aide d’environ 7 milliards de Zlotys, soit environ 1,6 milliards d’euros pour financer la construction de l’usine. L’investissement total pour ce projet d’usine était estimé à environ 4,14 milliards d’euros, soit un engagement bien moindre que le projet allemand.
Investissements maintenus dans les autres régions
Intel explique vouloir rationaliser ses investissements suite à la publication de résultats décevants au deuxième trimestre 2024, et souhaite recentrer son activité européenne sur son site irlandais, une usine construite dans les années 90 et qui représente l’un de ses plus importants sites de production en dehors des États Unis.
Le dirigeant d’Intel assure néanmoins vouloir continuer le développement d’usine sur le sol américain : le gouvernement a accordé en début d’année une aide de 20 milliards de dollars pour soutenir les investissements du fondeur, qui souhaite implanter de nouvelles usines en Arizona, dans l’Ohio, au Nouveau Mexique et en Oregon. La société assure également poursuivre la construction de son nouveau projet d’usine basé en Malaisie.
Des clients, mais un flux de trésorerie qui fond au soleil
Par ailleurs, Intel a annoncé avoir été choisi par Amazon Web Services (AWS) pour construire des puces d’IA personnalisées dans le cadre d’un accord de plusieurs milliards de dollars. L’opération élargit un partenariat de plusieurs années entre les deux entreprises. Intel conçoit en effet plusieurs puces utilisées dans les centres de données d’Amazon.
En février dernier, Intel avait déclaré que Microsoft utiliserait ses services pour fabriquer une puce informatique personnalisée.
L’entreprise tente de concurrencer TSMC sur ce marché de la fonderie. Mais les revenus « significatifs » de l’unité de fonderie d’Intel ne sont pas attendus avant 2027. Et ce alors que des investissements coûteux plombent les comptes de la société.
Pour alléger la pression, Intel a donc décidé de suspendre ses projets d’usines en Europe.