L’affaire a été jugée suffisamment grave pour que le président de la République s’en empare. Un groupe d’experts doit, à sa demande, formuler des préconisations en mars sur « le bon usage des écrans pour nos enfants dans les familles ».
L’idée de contrer l’impact négatif des écrans sur les mineurs n’est pas neuve – elle existe de longue date pour le cinéma et la télévision mais aussi dans le numérique, avec des dispositifs de « contrôle parental » ou, pour le jeu vidéo, des limites d’âge. Elle se fonde sur un consensus scientifique apparemment large. Il ne porte pas seulement sur les contenus diffusés (l’exemple le plus évident étant celui de la pornographie) mais aussi sur l’amoindrissement des interactions entre parents et enfants, essentielles au développement des plus petits. Dans l’enfance et l’adolescence, le temps passé sur les écrans entre également en concurrence avec des pratiques favorables à l’épanouissement des jeunes : sport, activités de plein air, sommeil, etc. Au cœur des critiques, Internet, au sens large, en tant que principal canal de diffusion et d’interaction sur ordinateurs et smartphones.
Faut-il pour autant rendre la vie en ligne coupable de tous les maux de la jeunesse ? La littérature scientifique est-elle aussi unanime que l’affirme le gouvernement quant aux effets délétères des écrans ? Ne convient-il pas, avec autant de force, de favoriser des usages d’Internet qui permettent de se cultiver, de débattre sans sombrer dans le « clash » permanent, de s’ouvrir au monde ? Quelle expériences éducatives sont mises en œuvre en ce sens ? N’assiste-t-on pas, selon les mots d’Anne Cordier, à « un phénomène de panique morale [tel que celui] observé [avec] les émissions radiophoniques consacrées aux crimes dans les années 1940, les comics books dans les années 1950, les jeux de rôle type Donjons et Dragons dans les années 1980 » ? Si oui, à qui profite cette « panique » ?
Ce sont quelques-unes des questions que posera la conférence-débat « Internet et les jeunes : de quoi avons-nous peur ? » à laquelle Le Monde et Numérique en commun(s) vous convient mardi 5 mars 2024 de 9 heures à 10 h 30 dans l’auditorium du Monde.
Y participeront Anne Cordier, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication (laboratoire Centre de recherche des médiations – Université de Lorraine), coautrice notamment de Les Enfants et les Ecrans (Retz, 2023) ; Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’université Paris-Cité et directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant (CNRS), membre du groupe d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans ; Dominique Pasquier, sociologue, directrice de recherche CNRS, autrice notamment de L’Internet des familles modestes. Enquête dans la France rurale (Paris, Presses des Mines, 2018), et Dorie Bruyas, directrice de l’association Fréquence écoles et de la fondation LDigital à Lyon, pilote de l’événement Numérique en commun(s) pour l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT).
Entrée libre sur inscription en suivant ce lien.