Cruelle désillusion pour l’Europe spatiale. La destruction en vol de sa nouvelle fusée Vega-C, le mardi 20 décembre, la met momentanément en retrait de la compétition face aux Américains et aux Chinois. Pendant plus d’un an, avant la mise en service d’Ariane 6, le Vieux Continent se retrouve sans lanceur. Ce qui pose la question de la souveraineté européenne dans le domaine de l’internet par satellite.
Faute de pouvoir utiliser les Soyouz promis avant la guerre en Ukraine à Arianespace, l’ex-opérateur britannique OneWeb, battant désormais pavillon français depuis son rapprochement récent avec Eutelsat, s’est ainsi tourné vers l’américain SpaceX et l’indien New Space India pour déployer sa constellation de satellites.
10 000 abonnés Starlink en France
Cette mauvaise nouvelle intervient alors que les grandes manœuvres ont commencé sur l’échiquier de l’internet par satellite entre les opérateurs historiques de satellites commerciaux et les nouveaux entrants, Starlink de SpaceX et Kuiper d’Amazon.
Dans ce domaine, l’Europe avait un temps d’avance. Société de droit français créée en 1977, Eutelsat a mis en orbite une flotte de 37 satellites couvrant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et de larges zones du continent américain. Le britannique Inmarsat est né deux ans plus tard en 1979. Comme Eutelsat, il a fait le choix de lancer des satellites géostationnaires (36 000 km d’attitude) pour apporter l’internet en zones blanches.
Les nouveaux entrants ont fait un autre choix. Starlink du multimilliardaire Elon Musk repose sur un maillage de quelque 3 000 satellites en orbite basse (550 km) et 12 000 à terme. En diminuant ainsi la distance des allers-retours entre la Terre à l’espace, le service gagne en performances. Starlink affiche un débit descendant moyen entre 50 et 200 Mbit/s. La latence serait, elle, réduite à environ 20 ms contre plus de 600 ms pour les satellites traditionnels explique-t-il sur son site. Ce qui ouvrirait la voie au streaming, aux jeux en ligne et aux appels vidéo.
Starlink revendique plus de 700 000 abonnés dans quarante pays dont 10 000 en France. Dans l’Hexagone, le prix de l’abonnement a été divisé par deux cet été passant à 50 euros par mois. Selon Le Monde, le prix de sa parabole ici vendue à perte. Il est actuellement fixé à 450 euros contre plus de 1 000 dollars (940 euros) de prix de revient.
Startlink, comme ses concurrents, vise les quelque 670 000 foyers français qui ne seront toujours pas fibrés à horizon 2025 selon l’Observatoire annuel du Très Haut Débit, publié en juin dernier par la fédération du secteur Infranum, la Banque des Territoires et l’Avicca. A la différence d’un opérateur NordNet qui fait appel à Eutelsat, l’Américain ne bénéficie toutefois pas des aides financières de l’Etat pour équiper les particuliers.
Kuiper et SES sur les starting-blocks
Starlink n’est toutefois pas le seul sur ce marché des satellites à orbite basse. Avec l’acquisition de OneWeb, Eutelsat est également présent sur ce segment. Le luxembourgeois SES (Société européenne de satellite) a procédé, le 16 décembre dernier, le lancement de deux premiers satellites O3b mPOWER à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX. Mis en service en 2023, le système de connectivité sera exploité par Orange et sa filiale sénégalaise Sonatel, annonce l’agence APS.
2023 devrait aussi être l’année du top départ de Kuiper. Amazon prévoit le lancement de deux satellites en début d’année prochaine avec non pas Blue Origin, autre société de Jeff Bezos, le fondateur du géant de l’e-commerce, mais United Launch Alliance (ULA). D’ici à 2029, la constellation de Kuiper devrait se composer de 3 236 satellites.
Enfin, un dernier acteur inattendu devrait s’inviter dans l’espace. Mi-novembre, l’Union européenne a décidé de se doter de sa propre constellation de satellites de télécommunications, avec une finalité duale, à la fois civile et militaire. Un projet évalué à 6 milliards d’euros. Baptisée IRIS², pour Infrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellite, cette constellation souveraine apportera, selon Les Echos, des services internet dans les zones blanches et servira les régions « amies » de l’UE, notamment en Afrique.
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