Je rêvais de vivre et de travailler dans « l’informatique spatiale » avant tout le monde. Dix-huit mois plus tard, j’ai surtout compris que le futur selon Apple pesait lourd sur le nez, coûtait trop cher et prenait la poussière. J’ai donc revendu mon Vision Pro, et je ne regrette rien.
Le Vision Pro est une réponse en quête de questions. Merveille de technologie, le casque de réalité mixte d’Apple n’a pas réellement trouvé sa voie, à l’exception peut-être d’usages ultra-niches dans des entreprises et chez des développeurs. Pour les amateurs fortunés qui se sont précipités sur cet appareil dans l’espoir de découvrir avant tout le monde « l’ère de l’informatique spatiale » chère à Apple, la douche froide dure depuis plus d’un an et demi.
L’ennui et la frustration pèsent lourd sur la tête
En ce qui me concerne, j’aime mes douches bien chaudes, merci. Le Vision Pro acheté à grands frais le jour de son lancement américain le 2 février 2024 a été revendu ! Il est très rare que je revende mes gadgets électroniques auxquels je voue une certaine tendresse, y compris après leur date de péremption. Et ce, qu’il s’agisse d’ordinateurs, de consoles ou même de périphériques (en témoigne ma collection toujours grandissante de manettes).
Mais le Vision Pro est le premier bidule à me porter sur les nerfs, en plus de peser sur le nez. Je l’avais acheté d’abord pour en faire le test pour 01net, mais surtout dans l’idée de l’utiliser au quotidien pour travailler sur l’écran virtuel du Mac, immergé dans un des environnements VR d’Apple, loin de mon bureau et de mon quotidien.
Malheureusement, la belle idée s’est heurtée au mur froid de la réalité. Jamais le Vision Pro n’a su s’intégrer dans mon flux de travail. Déjà, il faut mettre le casque sur la tête, puis l’ajuster. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce sont des gestes à répéter à chaque fois qu’on enlève l’appareil pour discuter avec quelqu’un : les yeux virtuels qui s’affichent sur l’écran externe semblent tout droit sortis d’un mauvais film d’horreur. Pas question d’infliger ça à qui que ce soit !
Et puis la vidéo passthrough du Vision Pro est certes impressionnante, mais c’est encore insuffisant pour ne pas se cogner contre des meubles ou même lire correctement l’écran (réel) de son iPhone ou du Mac. Il n’était pas non plus question de regarder des films seul avec ma compagne sur le canapé, en train de se demander dans quel monde je vis. visionOS 26 permet bien de regarder la même vidéo ensemble… mais il faut évidemment que chaque utilisateur possède son Vision Pro !
Je blâme toujours Apple pour cette désillusion. Le système d’exploitation n’est pas le coupable ici, car il évolue à bon rythme. visionOS 26 a inauguré des widgets persistants à épingler sur les murs de la maison, il est possible de générer du relief dans des photos 2D, d’utiliser des contrôleurs PSVR2, et même Image Playground s’est amélioré (OK, personne n’utilise ce truc).

Tout le reste en revanche est digne d’un zéro pointé. Le contenu immersif n’est livré qu’au compte-goutte (et la source semble se tarir), de nombreuses applications Apple ne sont toujours pas optimisées, quant à l’écosystème il est absolument misérable. Les développeurs n’ont aucun intérêt à lancer des apps pour visionOS : non seulement la plateforme est totalement cloisonnée, mais surtout la clientèle potentielle est réduite à peau de chagrin.
Les promesses de l’informatique spatiale ont plus de chance de se concrétiser dans un autre design qu’un casque de réalité mixte. Ça tombe bien, il semble qu’Apple se soit finalement rendue compte de l’existence des lunettes connectées, alors peut-être que visionOS n’a pas été développé pour des nèfles virtuelles.
Heureuse surprise
Lassé et frustré de voir le casque prendre la poussière sur une étagère du bureau, j’ai donc décidé, comme pas mal d’utilisateurs visiblement, de me séparer de mon casque. Autant récupérer quelque chose tant que la valeur de l’appareil n’a pas complètement fondu au soleil ! J’ai donc posté une petite annonce en ligne comme une bouteille à la mer, sans trop savoir si ça allait mordre. Le prix demandé : 3 500 $ canadiens, soit un rabais de 35 % sur le prix acheté (5 440 $).
Je ne m’attendais à aucun retour vue la somme en jeu et le peu d’intérêt pour un produit dont la période de hype n’a pas dépassé le premier mois d’après lancement. La bonne surprise, c’est qu’après trois semaines de silence total, un acheteur potentiel a proposé de prendre le Vision Pro, certes avec un discount supplémentaire (300 $), mais impossible de ne pas lui accorder au vu du peu de succès de l’annonce.
La transaction, qui a eu lieu en octobre dernier, s’est parfaitement déroulée et me voici un peu plus riche ! L’acheteur était manifestement très bien renseigné sur ce qu’il voulait acheter, et j’ai été étonné qu’il ne pose pas plus de questions que ça. C’est pourtant une jolie somme à sortir : si la situation avait été inversée, j’aurai certainement scruté le casque sous toutes les coutures et vérifié la présence de craquelures sur la façade en verre (oui, c’est un problème). J’ai même proposé d’allumer l’appareil afin que l’acheteur vérifie qu’il fonctionnait bien, c’est dire.
J’ai eu d’autant plus de chance qu’Apple dévoilait 2 semaines plus tard la mise à jour du Vision Pro, avec une puce M5 au lieu d’une puce M2. Le prix de l’occasion pour l’ancien modèle a baissé depuis : le casque j’ai vendu 3 200 $ canadiens se négocie autour de 2 700 $ sur eBay. Une belle décote… Cette expérience de vente d’occase s’est donc déroulée comme un charme, ce qui n’était pas évident : mes précédentes petites annonces pour d’autres appareils avaient attiré leur lot d’escrocs et de négociateurs à la petite semaine. Rien de tout ça ici.
La petite annonce était de toute manière la seule solution pour revendre ce Vision Pro. Apple a en effet décidé de ne faire absolument aucun cadeau aux early adopters, en leur fermant la porte du programme de reprise. Certes, le constructeur n’offre qu’une toute petite fraction de la valeur d’occasion d’un iPhone, d’un iPad ou d’un Mac, mais pour ceux qui ne veulent pas s’embêter à gérer des annonces avec tous les problèmes inhérents (surtout pour un produit si cher), le programme de reprise d’Apple a le mérite d’exister. Pas pour le Vision Pro, hélas.
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