Un tribunal britannique a accordé, lundi 20 mai, une audience en appel à Julian Assange, visé par une demande d’extradition de la justice américaine. Les autorités cherchent à juger l’Australien de 52 ans pour la diffusion, à partir de 2010, de centaines de milliers de documents classifiés portant, entre autres, sur la guerre en Irak.
Ces publications par WikiLeaks, dont Julian Assange est le fondateur, s’étaient faites en partenariat avec plusieurs médias dont Le Monde. Le lanceur d’alerte est poursuivi au titre de l’Espionage Act, un texte ciblant la divulgation d’informations classifiées, et risque jusqu’à cent soixante-quinze ans de prison aux Etats-Unis.
Au cours d’une précédente audience, en février, les avocats de Julian Assange avaient demandé la possibilité pour le fondateur de WikiLeaks de se défendre au cours d’une nouvelle audience en appel, mettant en avant les risques qui pesaient sur lui en cas d’extradition. Ses avocats craignaient notamment qu’il puisse être, une fois extradé, inculpé pour de nouveaux faits et encourir la peine de mort, mais mettaient aussi en avant le fait que M. Assange ne pourra pas, devant les tribunaux américains, être protégé par le premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d’expression, ni se prévaloir de son statut de journaliste.
Des garanties jugées insuffisantes
Les juges britanniques avaient alors demandé aux Etats-Unis de nouvelles assurances concernant le traitement de Julian Assange en cas d’extradition. En avril, les autorités américaines ont alors apporté la garantie que Julian Assange n’encourerait pas la peine de mort au cours de son procès, mais n’ont pas, selon les avocats du lanceur d’alerte, donné d’assurances suffisantes concernant le droit à la liberté d’expression. La justice américaine s’est contentée d’expliquer que M. Assange pouvait essayer de se prévaloir du premier amendement dans le cadre de sa défense, mais sans promettre qu’il bénéficierait bien de cette protection, arguent ses avocats.
Ce sont ces garanties qui ont été étudiées, lundi, par la Haute Cour de Londres, qui a décidé d’accorder une audience en appel à Julian Assange, dont la date n’a pas encore été fixée. « Les juges ont pris la bonne décision », a réagi Stella Assange, épouse du lanceur d’alerte, « en tant que famille, nous sommes soulagés, mais combien de temps cela durera ? Les Etats-Unis doivent comprendre la situation et abandonner ce dossier maintenant. (…) Abandonner cette attaque honteuse contre les journalistes, la presse et le public ».