On attendait encore la tenue, en plein été, d’une énième audience devant un tribunal britannique visant à empêcher l’extradition de Julian Assange aux Etats-Unis. Mais à la surprise générale, le lanceur d’alerte australien a conclu un accord avec la justice américaine et devrait plaider coupable dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 juin, selon des documents judiciaires dévoilés mardi.
C’est donc devant un tribunal américain des îles Mariannes, à Saipan, que l’Australien de 52 ans devrait être jugé pour la diffusion de documents confidentiels américains. Le fondateur de WikiLeaks devrait alors être condamné à une peine de soixante-deux mois d’emprisonnement, qu’il a déjà purgée, puis, selon les documents judiciaires, retourner sur le territoire australien, qu’il n’a plus vu depuis plus de douze ans.
Le lanceur d’alerte a déjà, selon WikiLeaks et les informations de l’Agence France-Presse (AFP), quitté le centre de détention britannique de Belmarsh, à Londres, puis pris l’avion qui le conduira au tribunal de Saipan. Son appareil devait faire escale à Bangkok dans la matinée, selon l’AFP. Une vidéo, publiée sur les réseaux sociaux par son épouse, Stella Assange, montre l’Australien monter dans un avion à l’aéroport Stansted, à Londres. L’avocat français de Julian Assange, Antoine Vey, se « réjouit » auprès du Monde de « voir Assange marcher dans la rue ; derrière lui il y a un combat pour la liberté de l’information qui continuera toujours ».
Des fuites embarrassantes
Cet accord pourrait signifier la fin de la longue bataille entre les autorités américaines et Julian Assange, lancée à la suite de la diffusion par le site WikiLeaks de milliers de câbles diplomatiques américains confidentiels, mais aussi des documents classifiés révélant, entre autres, le lourd bilan humain des guerres américaines en Irak et en Afghanistan. Ces publications de documents s’étaient faites en partenariat avec de nombreux médias internationaux, dont Le Monde.
Réfugié pendant sept ans au sein de l’ambassade d’Equateur à Londres, qui lui avait offert l’asile diplomatique, Julian Assange a vécu reclus dans les couloirs du bâtiment avant d’en être expulsé en 2019. Il avait alors été arrêté par les autorités britanniques, dans le cadre d’une procédure pour viol en Suède.
Depuis il cherchait par tous les moyens à échapper à la justice américaine, qui l’inculpait au titre de l’Espionage Act, un texte très dur ciblant la diffusion de documents confidentiels. Il est reproché à M. Assange d’avoir sollicité, puis diffusé des documents classifiés non anonymisés, allant bien au-delà d’un travail journalistique. La publication des câbles de WikiLeaks, très embarrassante pour la diplomatie américaine, avait généré une réponse forte de l’administration. L’informatrice de Julian Assange, l’ex-militaire Chelsea Manning, avait été condamnée en 2013 à trente-cinq ans de prison, puis libérée sur décision du président Barack Obama en 2017, après une détention très difficile.
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