Les joueurs Mac — du moins ceux qui restent — ont connu une année 2023 un peu moins pauvre qu’à l’accoutumée. Plusieurs gros titres ont en effet été lancés ces derniers mois, signalant l’appétit renouvelé d’Apple pour le jeu vidéo. Début d’une tendance de fond, ou simple bip sur l’encéphalogramme plat du Mac dans ce domaine ?
Surprise : en 2023, il y a eu des jeux sur Mac ! Et on parle bien de titres AAA, à l’image de Resident Evil 4 Remake, Lies of P, Baldur’s Gate 3 ou encore Stray (qui est davantage un AA mais on ne va pas chipoter). En janvier, les joueurs devraient avoir droit au director’s cut de Death Stranding. Pas de quoi concurrencer le monde PC ni les consoles, mais il est difficile de bouder son plaisir : le Mac est-il revenu sur le radar des éditeurs de jeux ?
Une plateforme vraiment viable pour le jeu
La réalité est probablement moins reluisante : il n’est pas impossible qu’Apple ait pris son bâton de pèlerin (et éventuellement sorti le carnet de chèques) pour taper à la porte de Capcom, Kojima Productions ou Annapurna Interactive pour que leurs jeux sortent sur le Mac. Histoire peut-être d’amorcer la pompe, car les ordinateurs Apple d’aujourd’hui sont mieux taillés que ceux d’hier pour le jeu — c’est du moins le message qu’Apple veut faire passer auprès des développeurs et du grand public.
« Désormais, chaque Mac équipé d’une puce Apple Silicon peut jouer à des jeux AAA de manière assez fantastique », assure Gordon Keppel, directeur marketing d’Apple au site Inverse. Il assure que les puces développées par le constructeur ont été « une véritable transformation pour nos principaux systèmes, qui ont bénéficié d’augmentations considérables de leurs capacités graphiques avec les M1, M2, et maintenant avec la M3 ».
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Un titre comme Resident Evil Village tourne effectivement plutôt bien sur une configuration modeste (Mac M1). Le processeur, le circuit graphique et la mémoire partagée font en effet des merveilles pour peu qu’on n’ait pas des exigences démesurées. Cette plateforme unifiée contraste avec la fragmentation des Mac Intel, qui pouvaient être équipés de cartes graphiques intégrées ou dédiées en fonction des modèles, sans oublier le support des eGPU dont les Mac Mx sont privés (malheureusement, pour certains utilisateurs).
Quoi qu’il en soit, les éditeurs peuvent maintenant vendre leurs productions à « des dizaines de millions de Mac avec puce Apple » sans avoir besoin de multiplier les optimisations selon les configurations. « Le jeu vidéo fait fondamentalement partie du design des puces Apple », explique encore Doug Brooks de la même équipe marketing.
« Avant même qu’une puce existe, le jeu est fondamentalement intégré dès les premières étapes de planification, puis tout au long du développement. Je pense que lorsque nous concevons nos puces, nous nous concentrons vraiment sur la création de systèmes équilibrés offrant d’excellentes performances en termes de CPU, de GPU et de mémoire. Bien sûr, [les jeux] nécessitent des GPU puissants, mais ils ont besoin de toutes ces caractéristiques, et nos puces sont conçues pour atteindre cet objectif. Si vous regardez les puces utilisées dans les dernières consoles, elles ressemblent beaucoup à ça, avec un CPU, un GPU et une mémoire intégrés ». Doug Brooks
Les puces M3 embarquent à ce sujet des fonctions accélérées au niveau du matériel comme le ray-tracing et le mesh shading (une technique de rendu qui optimise le traitement des polygones dans les scènes 3D). Il y a aussi le Dynamic Caching, une méthode qui fournit la quantité exacte de mémoire nécessaire au GPU.
« Avec le Dynamic Caching, nous sommes capables d’allouer les ressources seulement sur demande lorsqu’elles sont nécessaires, ce qui permet une meilleure utilisation du matériel disponible et offre plus de performances et d’efficacité pour le GPU », décrypte Doug Brooks. « Pour l’utilisateur, cela se traduit concrètement par de meilleures performances et des taux de rafraîchissement plus élevés dans les jeux». Et tout cela est disponible pour les trois nouvelles puces (M3, M3 Pro et M3 Max).
À tout cela s’ajoutent deux nouveautés logicielles issues de macOS Sonoma : tout d’abord le Game Porting Toolkit, un environnement d’émulation permettant aux jeux Windows de rouler sur Mac. Cet outil se destine aux développeurs afin d’identifier les besoins d’optimisation. Du côté de l’utilisateur, le Mode Jeu de macOS s’active au lancement d’un titre en plein écran et lui donne la priorité d’accès au processeur et au GPU. Ce mode double aussi la fréquence d’échantillonnage Bluetooth pour réduire la latence avec les manettes.
Autre atout beaucoup mis en avant par le constructeur : les similitudes entre les puces Mx et Ax. En substance, développer un jeu pour Mac, c’est aussi le développer pour l’iPhone et pour l’iPad… Bien sûr, ce n’est pas aussi évident, comme on l’a vu avec le portage de Resident Evil 4 Remake dont les performances sont assez différentes d’un appareil à l’autre.
Lire Resident Evil 4 Remake fait peur sur les plateformes Apple
Le Mac ne deviendra pas une plateforme de jeux viable sans les éditeurs, mais si les joueurs ne sont pas au rendez-vous, ce sera une nouvelle fois un coup d’épée dans l’eau. C’est l’éternel problème de l’œuf et de la poule… Avec la plateforme Apple Silicon, le constructeur semble avoir finalement trouvé une stratégie qui tient debout. Mais Apple aura-t-elle réellement la volonté de maintenir ce niveau d’investissement sur le long terme ? On a déjà vu par le passé des initiatives d’Apple qui n’ont pas duré suffisamment longtemps pour faire une différence.
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Source :
Inverse