Mardi 18 mars 2025, à 2h31, heure de Paris, le lanceur Electron de l’américain Rocket Lab s’est élancé de la base de Mahia, en Nouvelle-Zélande, pour libérer les cinq derniers nanosatellites de la constellation de Kinéis. Avec le succès de cette mission baptisée « High Five », la jeune pousse toulousaine a achevé son déploiement. Avec 25 nanosatellites désormais en orbite, elle devient le premier opérateur de connectivité spatiale dédié à l’internet des objets (IoT).
Financée à 100 % par des fonds publics et privés français dont Bpifrance, BNP Paribas Développement, le Cnes, CLS, Celad et les industriels Thalès et Héméria, Kinéis a réussi le tour de force de bâtir sa constellation en un temps record, en moins d’un an. La startup emploie 60 collaborateurs et fait appel à plus de 200 experts en région Occitanie.
Les nanosatellites pèsent chacun 28 kgs. Ils sont équipés de systèmes de propulsion électrique alimentés par des panneaux solaires. De quoi assurer leur maintien en orbite et éviter les collisions. Ils sont positionnés en orbite basse (LEO) à seulement 650 km d’altitude. Ils parcourent 40 000 km par orbite. « Cette proximité avec la Terre réduit la latence et améliore la qualité du signal », avance Kinéis.
Le Sigfox version satellitaire
La constellation est complétée par un réseau de 20 stations-sol. De quoi améliorer la rapidité de traitement et de transmission des données. Sa vocation n’a rien à voir avec les mégaconstellations Starlink de SpaceX et bientôt Kuiper d’Amazon dédiées à l’accès internet satellitaire.
Kinéis se positionne sur la connectivité spatiale à bas débit. Sa constellation à présent complète permettra de remonter les données de capteurs connectés en quasi-temps réel, depuis n’importe quel point du globe. Les applications sont infinies qu’il s’agisse de localiser, de surveiller ou alerter dans les zones non couvertes par les réseaux terrestres. C’est-à-dire 85 % de la planète.
Kinéis ouvrira ses services commerciaux le 1er juin prochain. La startup entend investir le champs de la prévention des risques naturels – détection des feux de forêt, inondations, sécheresse, pollutions – du suivi des infrastructures et des réseaux énergétiques, de la surveillance du transport et de la logistique, de l’agriculture de précision encore du contrôle des activités maritimes.
Avec cet IoT spatial, un industriel peut par exemple :
- Anticiper des pannes et faire de la maintenance prédictive
- Réduire la consommation d’énergie ou de ressources naturelles
- Optimiser sa gestion des stocks et sa chaîne d’approvisionnement.
Détection des départs de feu
Les Echos évoque un contrat passé avec l’État pour le déploiement de quelque 100 000 balises de détection précoce des incendies de forêt afin de prévenir les pompiers au moindre départ de feu. Selon le quotidien économique, « des discussions sont en cours avec EDF pour suivre les pylônes électriques et localiser les pannes. »
Avec des filiales aux États-Unis et au Brésil, Kinéis s’adresse d’emblée à un marché mondial.
Partie d’une feuille blanche en 2019, la société prévoit d’atteindre le seuil de rentabilité dès cette année, et de dépasser les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2026 et atteindre la barre des 100 millions d’euros en 2030.