Après un lancement discret, aussi bien en matière de couverture que d’abonnés, l’un expliquant l’autre, la 5G semble désormais avoir le vent en poupe, au point qu’elle a donné le rythme du marché des télécoms mobiles en 2022 selon Orange France, qui ne communique toutefois toujours pas de nombre d’abonnés précis en 5G.
Ces deux dernières années, depuis la mise aux enchères des fréquences allouées à la 5G, les opérateurs français ont dû investir massivement dans cette nouvelle technologie, qui a été d’emblée présentée comme un moyen d’obtenir plus de débits, une meilleure stabilité des connexions tout en réduisant l’impact énergétique des réseaux. Petit aparté sur ce point, les opérateurs pèsent pour 4% de la consommation électrique mondiale. Tandis qu’au niveau national, Orange indique prélever 0,4% de l’électricité consommée. Fabienne Dulac, directrice générale d’Orange France, indiquait d’ailleurs lors d’une table ronde à laquelle 01net a pu participer que, entre 2014 et 2022, Orange a réduit la consommation énergétique nécessaire au transfert d’un gigaoctet par dix. Tout cela grâce à la 4G tout d’abord, et à la 5G ensuite.
Une couverture qui a passé un cap
Or, justement, où en est la 5G en matière de couverture de la population et d’adoption depuis la commercialisation des premiers abonnements dédiés et discrets à la fin du quatrième trimestre 2020 ? Sur la couverture, la patronne du premier opérateur français – et qui est « n°1 sur la 5G » prend-elle la peine de préciser – indique que désormais presque 2 000 communes françaises sont couvertes en 5G par Orange, ce qui permet d’offrir un accès à cette technologie très haut débit mobile à 54% de la population. La 5G est donc une réalité quotidienne potentielle pour plus de la moitié des Français.
Pour ce qui est de l’adoption, tournons-nous d’abord vers l’observatoire du marché des communications électroniques en France, mis à jour le 6 octobre dernier par l’Arcep, et contenant des données du deuxième trimestre 2022, l’Arcep indique que l’Hexagone compte désormais 5,1 millions d’abonnés, contre un million seulement un an plus tôt, au deuxième trimestre 2021, et trois millions au 1er janvier 2022. Une forte progression, mais qui n’aboutit qu’à représenter 6% du nombre total de cartes SIM en service. Les abonnés 4G étaient en effet 68,3 millions au deuxième trimestre 2022.
Un marché porté par la 5G
Néanmoins, Fabienne Dulac indique relever une véritable « appétence pour la 5G » chez Orange, qui demeure le plus gros opérateur national, et constate qu’en 2022, « la dynamique de marché est liée à la 5G ».
La directrice générale d’Orange France avance plusieurs chiffres pour étayer ses propos. Tout d’abord, pour l’opérateur historique, 75% des terminaux vendus sont compatibles 5G. En l’espèce, il s’agit davantage d’une facilité pour l’opérateur de gagner des clients 5G éventuels que d’une adoption massive et immédiate. En effet, on peut tout à fait posséder un smartphone compatible, mais ne pas souscrire un abonnement qui donne accès à ce réseau. Néanmoins, Fabienne Dulac rappelle qu’en début d’année 2022, seuls 50% des terminaux vendus étaient 5G. Il y a donc une montée en puissance de l’offre et de l’intérêt pour ces terminaux auxquels les iPhone 14 ont largement contribué, tout récemment, indiquait la patronne d’Orange France.
Pour prendre la mesure de la conversion à la 5G, Fabienne Dulac précise que 40% des forfaits souscrits chez Orange sont 5G – même si seulement « un quart de la base abonnés a basculé pour l’instant ».
Une évolution du marché
En définitive, comme pour la fibre, la 5G va désormais être un marché de valorisation des installations, de vie du réseau, avec des forfaits dont les prix sont bien moins tirés vers le bas qu’avant. Ces changements tarifaires tiennent d’une « restructuration du marché », d’une évolution des priorités des abonnés, avançait Fabienne Dulac. Elle expliquait également cette mutation des attentes par les effets de la pandémie et du télétravail, qui ont mené à une prise de conscience de l’importance d’un réseau opérationnel en toute circonstance.
Au point que, selon une étude citée par sa directrice générale d’Orange France, lors de notre entretien, les Français ne seraient prêts à amputer leur budget télécom qu’en dernier recours (pour 20% des personnes interrogées), tandis que les premiers postes budgétaires où des efforts pourraient être réalisés seraient l’habillement (pour 53% des sondés) et même la nourriture… L’étude ne rien en revanche sur la préférence des utilisateurs entre un repas chaud ou un abonnement 5G. Dommage.