La Banque centrale européenne (BCE) hausse le ton. Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE en charge du projet d’euro numérique, a dressé un bilan accablant de l’état du secteur des cryptomonnaies, tout en appelant à agir pour encadrer plus strictement ce marché. Un marché désormais vu par les autorités européennes comme spéculatif et porteur de conséquences potentiellement désastreuses sur la stabilité du système financier à moyen terme.
« Avec les cryptomonnaies non adossées, personne n’est responsable et cela les rend purement spéculatifs par nature, et donc très volatils », a alerté le dirigeant lors d’un discours qui s’est tenu dans l’enceinte de la prestigieuse université Columbia, à New York. Et de comparer l’état actuel du marché des cryptomonnaies à un système de Ponzi. « Comme dans un système de Ponzi, une telle dynamique ne peut se poursuivre que tant qu’un nombre croissant d’investisseurs croient que les prix vont continuer à augmenter et qu’il peut y avoir une valeur non adossée à un flux de revenus ou à une garantie. Jusqu’à ce que l’enthousiasme disparaisse et que la bulle éclate », fait valoir Fabio Panetta.
« Les cryptoactifs sont des actifs spéculatifs qui peuvent causer des dommages importants à la société. A l’heure actuelle, ils tirent leur valeur principalement de la cupidité : ils s’appuient sur la cupidité des autres et sur l’espoir que le système se poursuive sans entrave. Jusqu’à ce que ce château de cartes s’effondre, laissant les gens ensevelis sous leurs pertes », estime-t-il aussi. Des expressions fortes qui en disent long sur l’inquiétude des milieux financiers européens.
La BCE mise sur les CBDC
Si la prudence est de mise, le poids des cryptoactifs reste encore relatif, ces derniers ne représentant pour l’heure que 1 % du total des actifs financiers dans le monde. Par conséquent, les liens avec le système financier au sens large sont encore limités. Reste que cela pourrait changer rapidement si, par exemple, une grande entreprise technologique lançait une cryptomonnaie, avertit Fabio Panetta. « En exploitant leurs vastes bases de clientèle et en regroupant les paiements et autres services financiers, les grandes entreprises technologiques pourraient renforcer considérablement les liens entre l’écosystème des cryptoactifs et le système financier au sens large. »
Pour remédier au problème, la BCE entend miser sur l’émission de CBDC (monnaies numériques de banque centrale), comme l’euro numérique proposé et le yuan numérique de la Chine. « Nous devons déployer des efforts coordonnés au niveau mondial pour faire entrer les cryptoactifs dans le champ de la réglementation. Et nous devons veiller à ce qu’ils soient soumis à des normes conformes à celles appliquées au système financier », estime Fabio Panetta. Et d’appeler à la mise en place de règles harmonisées au niveau mondial pour empêcher l’utilisation des cryptomonnaies pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Face à la demande croissante du grand public pour les actifs numériques et les paiements instantanés, Fabio Panetta le reconnaît : c’est aux autorités publiques comme les banques centrales de répondre à cette demande. « Les banques centrales doivent s’engager encore davantage dans l’innovation numérique en modernisant les infrastructures financières de gros, en exploitant des systèmes de paiement de détail rapides et en se préparant à l’émission de monnaies numériques de banque centrale », a-t-il déclaré.
Source : ZDNet.com
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