La base de Kleine-Brogel, qui abriterait des têtes nucléaires, est survolée par des drones. Alors que le ministre de la Défense belge pointe la Russie, l’armée a reçu l’ordre de les abattre.
Le ciel belge est sous haute tension et le week-end de la Toussaint 2025 de nos voisins a été perturbé. En effet, la base militaire de Kleine-Brogel a été survolée par des drones. Un incident qui n’a rien d’anodin : ce site est l’un des plus protégés du pays, soupçonné d’abriter des bombes nucléaires américaines B61 pour les F-35 de l’OTAN.
Face à la multiplication de ces « visites » sur des sites stratégiques (Elsenborn, Marche-en-Famenne, et les aéroports), le ministre de la Défense, Theo Francken, ne cache pas sa colère. Pour lui, le doute n’est plus permis : « C’est de l’espionnage. »
Même s’il n’a pas de preuve formelle, le ministre pointe un suspect : « Ce sont probablement des pilotes professionnels, sans doute au service d’un État comme la Russie ». Face à la menace, une décision radicale a été prise : l’armée a désormais l’ordre d’abattre les drones au-dessus des zones militaires.
Une opération « pro » en deux phases
Ce qui exclut la piste des amateurs, c’est le modus operandi décrit par le ministre. L’opération se déroule en deux temps avec une première phase confiée à de « petits drones » qui s’approchent pour tester les fréquences radio des systèmes de défense belges. Dans un second temps, des « grands drones » (jusqu’à 1m50), plus visibles, arrivent pour observer, filmer et “déstabiliser”.
L’objectif, selon le ministre, est double : recueillir du renseignement et « créer de la panique en Belgique ».
Pourquoi l’ordre d’abattre est si compliqué ?
Si l’ordre est donné, son exécution est un casse-tête. Samedi, lors d’un précédent survol, un brouilleur a été activé. Sans succès.
Theo Francken l’a admis : le brouilleur n’a pas fonctionné « parce qu’ils ont testé notre fréquence radio et qu’ils ont changé de fréquence. Un amateur ne sait pas comment faire cela ».
La poursuite est tout aussi complexe. Les survols ont lieu de nuit, souvent par temps de brouillard. L’hélicoptère de la police fédérale mobilisé dimanche a perdu la trace des quatre drones près de la frontière néerlandaise. De plus, comme le rappelle le ministre, tirer est un risque : « Lorsqu’ils se trouvent à proximité [d’habitations], nous devons être très prudents, car ils peuvent tomber sur une maison ».
Que cherchent-ils ? L’analyse d’un expert
Selon Alain De Neve, chercheur au Centre d’études de sécurité et défense, l’objectif est de cartographier les installations, mais surtout mesurer les temps de réaction des autorités et répertorier les « postures des sentinelles ».
Pourquoi la Belgique ? Car elle forme un « triangle stratégique » avec les Pays-Bas et l’Allemagne, abritant les B-61. Plus encore, la Belgique est un « hub logistique majeur » pour l’entrée de matériel militaire en Europe. La base de Marche-en-Famenne, elle aussi survolée, doit par exemple accueillir les nouveaux blindés français Jaguar et Griffon.
La crainte d’une « diversion »
Au quotidien belge La Libre, l’expert émet une hypothèse plus inquiétante : « J’ai toujours cette petite crainte dans le fond de mon esprit de me dire : dans quelle mesure ne peut-il pas y avoir l’objectif de distraire nos forces […] Par rapport à quelque chose de majeur qui serait peut-être en préparation ».
Il rappelle le précédent de la crise des migrants à la frontière polonaise, orchestrée par la Biélorussie juste avant l’invasion de l’Ukraine. Le scénario redouté n’est pas une guerre totale, mais une « agression partielle » sur un pays balte, comme l’Estonie, dans les cinq ans à venir.
La riposte : 50 millions en urgence, 500 en préparation
Face à cette vulnérabilité admise (le chef de la Défense a reconnu que Marche-en-Famenne était « dépourvue de moyens adéquats »), le gouvernement belge réagit.
Un plan d’urgence de 50 millions d’euros doit être validé cette semaine. Il doit permettre d’acheter et déployer des systèmes anti-drones (détection, neutralisation) dès ce mois-ci. Un plan plus ambitieux d’un demi-milliard d’euros est déjà à l’étude pour l’année prochaine.
Ces incidents s’inscrivent dans une vague d’incursions qui vise des sites critiques à travers tout le continent, de l’aéroport de Munich à celui d’Alicante, forçant l’Europe à envisager la création d’un « mur anti-drones ».
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Source :
RTL Info