Il y en a eu jusqu’à 300 000 en 1997 puis progressivement les cabines téléphoniques ont disparu de notre quotidien avec l’arrivée du téléphone mobile. Une loi de 2015 supprimant l’obligation du service universel de « publiphonie » dans les communes couvertes par les réseaux 2G et 3G a donné le coup de grâce.
La dernière cabine téléphonique de France en fonctionnement se trouve à Murbach dans le Haut-Rhin, un village de 160 habitants située en zone blanche. Depuis que son numéro a été publiquement révélé (03 89 74 11 53), des personnes de toute la France appellent pour passer un petit bonjour, raconte France Bleu Alsace.
Les cabines téléphoniques parlent d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Une époque où on appelait et où se faisait appeler par ses amis, ses parents, à l’abri de la pluie et du bruit environnant.
En zone blanche ou à proximité des collèges
Opérateur téléphonique responsable, TeleCoop, associé à Commown, une coopérative militante qui fournit des appareils électroniques éco-conçus et lutte contre l’obsolescence programmée, entendent faire revivre le mythe. Leur premier modèle (photo) reprend un design proche des anciennes cabines téléphoniques tout en étant fabriqué avec des matériaux recyclés.
Au-delà du parfum de nostalgie, les deux acteurs entendent œuvrer pour un numérique plus responsable et inclusif. En proposant un point de communication gratuit, les nouvelles cabines permettront aux personnes en situation de précarité de rester connectées avec leurs proches et accéder à internet à l’aide d’une tablette.
Les cabines pourraient ainsi être installées à côté de centres pour les sans-abris, dans des villages connaissant des difficultés d’accès au réseau mais aussi à proximité…. des collèges.
Alors que l’interdiction du smartphone à l’école doit se généraliser en 2025, ces cabines permettraient de retarder l’arrivée du mobile dans le quotidien des enfants. L’exposition précoce aux écrans provoque, entre aux, des problèmes de vision, de sédentarité, d’obésité et de retard à l’acquisition du langage, de perte du lien social.
Pour un usage plus raisonné du numérique
Enfin, les collectivités locales pourront se servir des cabines comme d’un support de communication pour sensibiliser aux enjeux environnementaux et sociaux du numérique. Tout en offrant la possibilité de recharger sa batterie, elles proposeront des tutoriels pour prolonger la durée de vie des appareils.
Ces cabines participeront également à la promotion d’un usage plus raisonné. A Seine-Port, en Seine-et-Marne, le maire a fait voter un arrêté pour interdire l’usage du téléphone mobile dans l’espace public. Plus largement, cette initiative s’inscrit dans l’approche « low tech », symbolisée par le retour revival des « dumbphones », ces appareils « idiots » qui servent seulement à téléphoner et à envoyer des SMS.
« Nous passons de plus en plus de temps devant nos écrans jusqu’à en oublier la vocation première de ces appareils à savoir communiquer, s’organiser et échanger », rappelle fort justement TeleCoop dans un billet de blog.
La première cabine nouvelle génération devrait être installée en 2025 à Strasbourg, à un vol d’oiseau de la dernière cabine de France. Pour soutenir financièrement le projet, TeleCoop et Commown appellent à devenir client ou sociétaire de leurs structures respectives.