Services gouvernementaux et municipaux, Chambre des députés, gendarmerie, gardes-côtes, centres de vaccination, avions cloués au sol durant plusieurs heures, jusque dans la soirée, à l’aéroport d’Eindhoven où des milliers de passagers étaient bloqués : les Pays-Bas ont connu une journée noire, mercredi 28 août, en raison d’une panne informatique qui a débuté dans la soirée de mardi et dont la cause n’est pas encore clairement identifiée. La police nationale a, elle, pu recourir à un plan B, impliquant l’usage de téléphones portables.
Le problème aurait découlé d’une perturbation et d’une mise à jour défectueuse sur le réseau de fibre optique Netherlands Armed Forces Integrated Network, dont dépend le système de communications d’urgence C2000 utilisé par divers services officiels. Ils sont un grand nombre à utiliser ce canal à l’architecture complexe, doté d’un noyau central et de quatorze ramifications, pour échanger des informations confidentielles.
Les autorités refusaient toutefois de confirmer que C2000 était bien à l’origine des difficultés rencontrées mercredi dans la moitié du royaume. L’impact sur l’aéroport d’Einhoven – alors que celui d’Amsterdam-Schiphol n’a pas été affecté – s’expliquerait par le fait qu’il comporte une partie militaire et que le trafic civil y est soumis à un contrôle aérien commun avec l’armée.
Le rôle central du ministère de la défense
Le ministère de la défense, qui serait donc à l’origine de cette grave perturbation, affirmait dans la soirée de mercredi qu’il livrerait davantage d’informations quand il aurait « une vision complète » du problème. Après des hésitations, les autorités ont, pour leur part, écarté l’hypothèse d’un acte malveillant. Plusieurs experts des technologies de l’information, qui ont rapidement examiné les caractéristiques de la panne, excluaient aussi l’idée d’un sabotage. « Un pirate informatique qui aurait accès à un réseau aussi sensible ne favoriserait pas l’effondrement du système, mais examinerait plutôt ce qu’il contient », confiait mercredi au quotidien néerlandais NRC Mendel Mobach, un spécialiste de la cybersécurité.
David van Weel, le ministre de la justice, jugeait, lui, que le pays devrait sans doute s’habituer à de telles défaillances, « la question étant de savoir à quelle vitesse nous pourrons réagir », ajoutait-il. Le premier ministre, Dick Schoof, a évoqué de son côté une situation « terriblement ennuyeuse », mais, selon lui, impossible à prévenir totalement.
Un propos qui lui a valu les critiques de l’opposition socialiste et écologiste : « Non, il ne faut pas s’habituer mais veiller à être résilient et indépendant », écrivait ainsi, sur X, le député Songül Mutluer. Comme beaucoup d’autres, le pays avait déjà été victime, le mois dernier, de la gigantesque panne provoquée par la mise à jour du programme antivirus Falcon Sensor, le logiciel développé par la société de cybersécurité américaine CrowdStrike.
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