La Chine bientôt privée de machines pour fabriquer ses processeurs de pointe ?

La Chine bientôt privée de machines pour fabriquer ses processeurs de pointe ?


L’alliance des USA, du Japon et des Pays Bas dans l’interdiction de vendre à la Chine des scanners de dernière génération pourrait enrayer les plans de développement de l’Empire du Milieu en matière de semi-conducteurs de pointe. Ou stimuler une production nationale ?

Une triple entente est sur le point de contrarier les ambitieux plans de développement de la Chine dans la conception de processeurs de pointe. Selon Reuters, les USA auraient acquis à leur cause le Japon ainsi que les Pays-Bas dans la mise en place d’un mécanisme d’interdiction d’exportation des steppers de dernière génération. Ces énormes machines qui sont les seules capables de graver les processeurs de vos smartphones, ordinateurs, relais 5G ou encore puces automobiles.

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Et vous l’aurez compris, toutes les entreprises concevant des steppers (ou scanners lithographiques en français) soit américaines, soit japonaises ou néerlandaise – le géant ASML étant même le seul à maitriser les steppers EUV qui conçoivent toutes les puces à dont les circuits sont inférieurs à 7 nm. Moins à la pointe, mais extrêmement important pour tous les nodes entre 65 nm et 10 nm, Nikon et Canon seraient bientôt, comme ASML, interdits de vendre des steppers à la Chine. Privant cette dernière de capacité de production sur son sol. Et forçant ainsi ses entreprises à commercer avec Taïwan ou la Corée du Sud, les deux seuls pays pour l’heure à même de graver les processeurs et puces mémoire dernier cri.

Un équilibre commercial à trouver contre une Chine (très) agressive

Alors qu’un accord pourrait être trouvé d’ici à la fin du mois pour formaliser cette interdiction d’exportation, les Usa doivent naviguer intelligemment pour léser le moins possible les entreprises des trois pays. Outre les fabricants de steppers, c’est tout un écosystème d’entreprises qui vont souffrir comme Tokyo Electron, un fournisseur japonais de machines complémentaires des scanners. Un acteur dont la Chine représente un quart des ventes et pour qui, comme pour Nikon ou Canon, va devoir recevoir une compensation sous une forme ou une autre par son gouvernement pour le manque à gagner.

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Un manque à gagner qui est bien réel : les machines les plus chères, celles de TSMC, coûtent jusqu’à 180 millions d’euros pièce. La construction d’une usine dernière génération oscillant entre 10 et 20 milliards de dollars, le manque à gagner des pays ciblés est réel. Mais le risque de la montée en puissance de la Chine dans le domaine des puces l’est aussi. Car la démarche de blocage des USA vis-à-vis de la Chine ne se limite pas à un simple affrontement commercial ou une volonté de limiter son indépendante technologique. Elle est aussi liée aux usages militaires que les Chinois peuvent faire des puces, couplée à l’agressivité grandissante du régime de Xi Jingping. Un dirigeant chinois qui a déjà fait voler en éclat la limite du nombre de mandats de ses prédécesseurs. Et qui exprime ouvertement ses volontés expansionnistes, notamment au détriment de Taïwan – numéro 1 mondial de la production de puces – qu’il estime pouvoir prendre par la force s’il le faut.

La voie possible, mais difficile et improbable, de l’autonomie chinoise

D’aucun pointent le fait que la politique d’isolation technologique de la Chine des USA, du Japon et des Pays-Bas pourrait mener la Chine à concevoir ses propres machines et solutions technologiques pour la production de puces. S’il y a des précédents d’indépendances technologiques acquises de la sorte – on pense ici aux programmes nucléaires (Inde, Pakistan, Corée du Nord) ou balistiques (Iran, Corée du Nord, etc.) – la production de semi-conducteurs et à fortiori dans le domaine des ultraviolets extrêmes est une autre paire de manche.

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Si la Chine développe ses propres lanceurs spatiaux, dispose de sa propre station spatiale, de son propre rover martien, etc. Elle communique peu vers l’extérieur de ses avancées scientifiques réelles. De plus, la production de puces en dessous de 7 nm (on arrive bientôt à 3 nm !) est une industrie tellement complexe qu’aucun pays ne maîtrise tous les volets. Les USA ont le contrôle des logiciels, de la propriété intellectuelle et de certaines machines. Les Japonais sont les rois de la chimie, de la métrologie et des wafers. Quant aux Néerlandais, ils sont les seuls à maitriser la fabrication des steppeurs EUV. Face à une telle complexité, la coopération est clé. Un développement en autarcie en Chine paraît, quoique théoriquement possible, très dur à atteindre… Et pas forcément rentable si le blocus s’intensifie.

Il reste à voir, si accord final entre les trois pays il y a, ce que sera la réponse de la Chine face à cet embargo. Qui procède, indéniablement, d’une stratégie de guerre technologique.

Source :

Reuters



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