Le développement de deux nouveaux variants d’Omicron réalimente la crainte des autorités chinoises que le Covid conduise à l’effondrement de la République populaire de la même façon que l’explosion, en 1986, du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl avait accéléré la chute de l’Union soviétique… Les nombreux soulèvements de colère et d’épuisement contre l’idéologisation outrancière de la politique de santé arrivent à un moment particulièrement délicat pour Xi Jinping.
Dans un contexte de vives oppositions internes, le 20e congrès du Parti communiste [qui s’est déroulé en octobre], qui a permis de prolonger le président chinois au poste de secrétaire général pour une période exceptionnelle indéterminée, a ouvert une longue saison « électorale ». Celle-ci devrait s’achever lors de la session du printemps de l’Assemblée nationale populaire avec la reconduction attendue de Xi Jinping à la fonction de président de l’Etat.
L’actualité des manifestations en Chine devrait nous conduire à relire le pamphlet incendiaire que l’écrivain sinologue Simon Leys publia en 1971 : Les Habits neufs du président Mao. Chronique de la Révolution culturelle (Champ libre). Servi par un titre emprunté au conte philosophique d’Andersen, ce chef-d’œuvre continue de nous éclairer sur les trajectoires historiques des empereurs chinois, aveuglés par leurs obsessions.
Optimiser les règles de confinement
Depuis plus de trois ans, Xi Jinping a fait du combat contre la pandémie l’une des principales sources d’autoconviction, tant sur le plan national qu’international, de la supériorité du mode de gouvernance du Parti communiste chinois. Or, Omicron se moque bien de la gestion biopolitique extrême du secrétaire du parti, de la même façon que les nuages radioactifs de Tchernobyl ignoraient les frontières physiques des Etats. Selon le tableau de bord de GlobalData, les chiffres de l’évolution du virus augmentent. La Chine compterait à ce jour près de 3 millions de cas de Covid recensés et 16 000 décès.
D’où le renforcement de la politique zéro Covid par la nouvelle stratégie de « nettoyage dynamique », qui vise à optimiser, mais certainement pas à assouplir, les règles de confinement. Dépourvue de vaccins à ARN messager, la Chine dépend de ses deux seuls vaccins homologués, Sinovac et Sinopharm, antérieurs à Omicron. Certes, les sociétés pharmaceutiques locales orientent leurs recherches cliniques vers les nouvelles sous-catégories de variants, mais, pour l’heure, en parodiant une phrase de Lénine qui évoquait, il y a un siècle, l’électricité, « Le communisme chinois, c’est les soviets moins le vaccin » !
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