Depuis plusieurs années, les Etats-Unis freinent le développement de l’industrie électronique chinoise au nom de la sécurité nationale. La crainte est de voir le pays gagner des capacités offensives en utilisant les technologies et composants américains dans l’hypothèse d’un conflit économique voire militaire.
Les USA ont donc mis en place des mesures de restriction pour bloquer l’accès aux puces, aux moyens de production et à la propriété intellectuelle d’origine américaine, la Chine ne pouvant répondre que par un contrôle plus étroit de ses exportations de terres rares et de métaux stratégiques.
Une architecture pour échapper aux sanctions américaines
Puisqu’elle ne peut plus compter sur les dernières évolutions des grandes plate-formes informatiques mondiales, la Chine cherche des alternatives à développer sans devis l’avis ou la concertation de l’Occident.
L’une des plus prometteuses pour les projets chinois reste l’architecture open source RISC-V qui connaît un véritable engouement dans l’Empire du Milieu tout en restant encore (mais pour combien de temps ?) une voie de coopération entre Orient et Occident.
Les efforts se sont multipliés pour développer des processeurs et composants RISC-V dédiés à différents usages. Si les efforts d’investissement restent modestes au regard des technologies existantes x86 et ARM, peut-être avec l’espoir d’une amélioration des relations, les projets RISC-V ont pris de l’ampleur : véhicules autonomes, intelligence artificielle, datacenters, les grands domaines voient peu à peu émerger des solutions RISC-V chinoises, note l’agence Reuters.
La voie de l’indépendance chinoise ?
Elle rappelle que plus de la moitié des puces RISC-V ont été produites en Chine en 2022 et que les startups sont soutenues financièrement pour progresser dans ce domaine et faire un jour de RISC-V une alternative solide aux architectures dominantes, alors que les dépôts de brevets se multiplient.
Cette effervescence n’a pas échappé au gouvernement américain qui évalue la possibilité d’étendre ses restrictions à l’architecture RISC-V, au moins pour ralentir durablement les efforts chinois, d’autant plus que les autorités chinoises cachent à peine leur espoir de faire de RISC-V un moyen de ne plus avoir besoin des technologies occidentales et de gagner ainsi leur indépendance.
Reuters note ainsi que plusieurs instituts militaires chinois ont encouragé les développements de puces et technologies RISC-V qui pourraient se retrouver dans des armements comme des missiles…comme l’avait déjà étudié la DARPA américaine il y a quelques années.