Derrière l’intelligence artificielle (IA) tournent d’innombrables supercalculateurs et centres de données, indispensables à son fonctionnement. « Faire de la France un pays à la pointe de l’IA » passera donc nécessairement par la construction de nouveaux centres de données (data centers) dans l’Hexagone, souligne la Commission de l’intelligence artificielle dans son rapport rendu, mercredi 13 mars, à Emmanuel Macron.
« La dépendance de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis, déjà forte dans les data centers, est encore plus criante pour la puissance de calcul », souligne le document. Les Etats-Unis disposent de 2 109 centres de données, soit une part mondiale de 37,8 %, contre 1 244 pour l’ensemble des pays de l’Union européenne (22,3 %), et environ 250 en France.
Pour impulser un « sursaut », la commission propose plusieurs mesures. Première d’entre elles : simplifier les procédures d’installation d’un centre de données, à l’image de celles dont bénéficient les projets d’intérêt national majeur définis par la loi relative à l’industrie verte de 2023. Ce statut permet, notamment, de faire relever de la compétence de l’Etat, et non plus du maire, les autorisations d’urbanisme pour tout « projet industriel qui revêt, eu égard à son objet et à son envergure, notamment en termes d’investissement et d’emploi, une importance particulière pour la transition écologique ou la souveraineté nationale ».
Autre mesure : « Rendre le secteur des centres de calculs et de données éligible au statut d’électro-intensif. » Créé par la loi sur la transition énergétique de 2015, ce dernier permet aux entreprises fortement consommatrices d’électricité de « bénéficier, pour tout ou partie de leurs sites, de conditions particulières d’approvisionnement en électricité. En contrepartie, elles s’engagent à adopter les meilleures pratiques en termes de performance énergétique ».
« Un coût important »
La commission touche ici un point sensible. Déjà très gourmands en électricité, les centres de données le seront encore plus avec l’IA, selon un rapport, publié le 24 janvier, par l’Agence internationale de l’énergie : leur consommation pourrait passer de 460 térawattheures (TWh) en 2022, soit 2 % de la demande mondiale (dont 25 % pour les cryptomonnaies), à 1 050 TWh, soit un bond équivalent à la consommation d’un pays supplémentaire, de l’ordre de celle de l’Allemagne.
« La consommation d’électricité représente un coût important pour les acteurs du marché : il s’agit donc d’un facteur-clé de décision d’implantation », reconnaît la commission de l’IA. Elle explique, par exemple, que l’allemand DeepL, spécialisé dans des outils de traduction, a choisi, en 2023, d’installer son tout nouveau supercalculateur en Suède, en raison du mix énergétique le plus décarboné d’Europe – les combustibles fossiles représentent 1 % de la production d’électricité – et d’un faible prix de l’électricité.
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