Bruxelles redouble de précautions face à la désinformation qui sévit sur le réseau social X. La Commission européenne a demandé à ses services de suspendre leurs campagnes publicitaires sur la plate-forme, a fait savoir le porte-parole Johannes Bahrke, vendredi 17 novembre.
« Nous avons constaté une hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine sur plusieurs réseaux sociaux ces dernières semaines, et cela concerne bien entendu X », a-t-il expliqué, avant d’ajouter que la Commission avait « recommandé aux services de s’abstenir de faire des campagnes publicitaires » sur la plate-forme, propriété du milliardaire Elon Musk. Cette décision ne remet pas en cause la présence des services de la Commission européenne sur X, a précisé le porte-parole.
Depuis qu’Elon Musk a racheté Twitter fin octobre 2022 avant d’en changer le nom, la plate-forme a assoupli ses règles sur la désinformation, réduit ses équipes de modération des contenus et permis le retour de nombreuses personnalités controversées.
Jeudi, le groupe américain IBM avait également annoncé la suspension de ses campagnes publicitaires sur X, citant un rapport qui avait trouvé des publicités pour le groupe aux côtés de contenus faisant la promotion d’Adolf Hitler et du parti nazi. « IBM a une tolérance zéro pour les discours haineux et nous avons suspendu toutes nos publicités sur X le temps d’enquêter sur cette situation inacceptable », a précisé IBM dans un communiqué consulté par Reuters.
Une accusation de campagne ciblée
L’exécutif européen a ouvert en octobre une enquête visant ce réseau social pour la diffusion présumée de « fausses informations », « contenus violents et à caractère terroriste » et « discours de haine » dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’application de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA), imposant des obligations renforcées aux plates-formes.
L’instruction de suspendre toute publicité sur X de la part de la Commission fait aussi suite à une polémique entourant une campagne faite en septembre sur ce réseau social par les services de la commissaire aux affaires intérieures européenne Ylva Johansson, pour faire la promotion d’un projet de législation.
Cette campagne est accusée d’avoir utilisé des techniques de microciblage en se basant sur les opinions politiques et religieuses des personnes visées, en violation des règles européennes sur les données personnelles.
Une association autrichienne militant pour la protection de la vie privée, Noyb (pour « None of your business », signifiant « Ce ne sont pas vos affaires ») , a porté plainte jeudi contre la Commission européenne, au nom d’un internaute néerlandais destinataire d’un de ces messages de l’Union Européenne. L’ONG réclame une enquête fouillée et l’imposition d’une amende.