La dépendance de l’Europe au cloud américain lui coûte cher

La dépendance de l’Europe au cloud américain lui coûte cher



En avril, Bercy organisait la soirée de la souveraineté numérique. L’occasion pour la ministre de l’IA, Clara Chappaz, de rappeler quelques évidences, comme la dépendance de l’Europe à l’égard des hyperscalers américains.

La ministre souhaite cependant mieux mesurer les dépendances grâce à un Observatoire de la Souveraineté Numérique.

Le Cigref, grâce au cabinet Asterès, peut lui déjà mettre des chiffres sur cette situation pour le marché du cloud.

66 Mds€ en France pour le cloud-logiciel

En interrogeant les DSI de grandes entreprises, le cabinet évalue à 264 milliards d’euros les achats annuels de services de cloud-logiciel des entreprises de l’UE. Et ces milliards bénéficient pleinement à l’économie américaine.

Le rapport évalue les dépenses de cloud-logiciel à environ 2,2% du chiffre d’affaires des grandes entreprises. Cela équivaut à 66 milliards d’euros par an en France et 400 milliards d’euros pour l’Union européenne.

En matière de services et de logiciels cloud, l’Europe consacre pas moins de 83% de ses dépenses aux offres des fournisseurs US. C’est considérable, mais aussi problématique à plus d’un titre, et notamment sur le plan économique.

Réorienter 15% des dépenses et gagner 463000 emplois

En consommant à ce point auprès des États-Unis, l’Europe pénalise directement le développement de son propre écosystème numérique. Asterès estime que les dépenses de l’UE présentent une empreinte totale de 1,9 million d’emplois.

“Si l’Union européenne parvenait, en 2035, à produire 15 % des services de cloud- logiciel qu’elle achète actuellement aux États-Unis, il en résulterait 463.000 emplois supplémentaires dans l’Union européenne”, analyse le rapport du Cigref.

D’autres scénarios sont examinés. Ainsi, en réorientant 5% des achats américains vers l’Europe, celle-ci pourrait espérer créer 178.000. Avec une part de 10%, le gain atteindrait 331.000 emplois en 2030 selon le cabinet.

Un secteur numérique européen plus dynamique serait également source d’un gain de productivité évalué à 1,2 %. “Le sujet des gains de productivité liés au développement du numérique appelle cependant à être creusé”, nuance l’association de DSI.

Une dépendance technologique et aussi géopolitique

Le Cigref et Asterès le reconnaissent, la mesure reste à approfondir. “L’incertitude quant aux montants de services de cloud-logiciel échangés est un obstacle majeur à toute étude économique sur le sujet”, jugent-ils par exemple.

Les auteurs préconisent en outre de creuser la question des dépendances géopolitiques découlant de la dépendance technologique. “Le contexte actuel de tensions croissantes entre les États-Unis et l’Europe” justifie de s’y intéresser.

C’est un combat du Cigref : les hausses de prix. Les fournisseurs américains sont des habitués des augmentations tarifaires unilatérales. Cette pratique a-t-elle des conséquences sur la santé des entreprises ? Et si oui, lesquelles ? Un approfondissent s’impose pour répondre précisément.

Car l’inflation des services cloud n’est pas sans conséquence. « Il pourrait en résulter des hausses de prix pour les consommateurs ou des baisses de dépenses sur d’autres postes, qui auraient des impacts économiques négatifs. »



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