La direction interministérielle du numérique, la DINUM, repense sa stratégie et son action. Celle-ci présentait le 9 mars sa nouvelle feuille de route. Dans l’esprit « start-up nation » cher au président Macron, la roadmap s’inspire des codes de la start-up – et du privé plus largement.
Un exemple : la co-construction, ici avec l’écosystème du numérique public. La nouvelle orientation de la DINUM lui est fixée par le Premier ministre et le ministère de la Fonction publique, ses autorités de tutelle.
L’approche Startups d’Etat comme modèle
A l’aune du nouveau quinquennat, ces dernières « ont souhaité lui donner un cap clair et ambitieux pour le numérique public, afin qu’il constitue un levier puissant pour rendre l’Etat plus efficace, plus simple et plus souverain ».
Ces grands principes restent à décliner de manière opérationnelle. Pour la DINUM, son action s’articulera donc autour de quatre priorités. La première concerne la transformation des organisations et méthodes de travail.
Pour la conduite des projets numériques de l’Etat, la direction entend notamment s’inspirer de l’approche des Startups d’Etat de beta.gouv. A la clé, l’adoption d’une méthode privilégiant expérimentations, itérations, puis passage à l’échelle.
Jugée efficace, cette démarche « mérite à ce titre d’être mise en œuvre plus largement par toutes les administrations ». La composition des équipes projet doit parallèlement évoluer. La DINUM entend sortir des projets annualisés et du fonctionnement en silos au profit d’équipes pluridisciplinaires et de développements incrémentaux.
Un remède aux dérives des grands projets
Elle pose un autre ligne de conduite en ce qui concerne le pilotage des projets : seront exigées « des mesures d’impact au fil de l’eau plutôt qu’une approche purement solutionniste ». De quoi atténuer ou prévenir les dérives propres aux grands projets informatiques ? Les précédentes mesures prises dans ce domaine (articles 3 et 4 du décret de la DINUM) ont eu un impact « relatif ».
Pour une part significative des projets, dont les plus importants, le cadrage initial n’est pas respecté, constate la DSI de l’Etat. En découlent un retard moyen de 26 % et un dépassement budgétaire de 24 %, en moyenne.
« Ces dérives sont en augmentation avec plusieurs projets de plusieurs dizaines de millions d’euros en difficulté manifeste », précise-t-elle encore. Il est donc critique d’agir. La DSI ira par conséquent au-delà de sa fonction de tiers de confiance sur les grands projets.
Elle propose désormais un « accompagnement ponctuel par la brigade d’intervention numérique ». Cette brigade, au service des ministères, se compose d’expertises pluridisciplinaires, dont des coachs agiles.
La DINUM DRH de la filière numérique
La réduction des dérives passera aussi par un renforcement des compétences internes. Dans une circulaire de février, le gouvernement exhortait les administrations à réduire leur consommation de prestations externes et à développer leurs compétences internes. Cette orientation figure aussi à la feuille de route de la DINUM.
Sa seconde priorité est ainsi de « renforcer significativement les compétences numériques au sein de l’Etat ». La transformation de l’administration nécessite de « disposer des compétences suffisantes en quantité et en qualité ».
L’enjeu pour les années à venir consistera dès lors à attirer, recruter et fidéliser des talents du numérique, ce qui constitue un défi en soi. La direction estime néanmoins que les nouveaux modes de conduite des projets participeront à l’attractivité du public. La DINUM endossera par ailleurs un nouveau rôle, celui de DRH de la filière numérique.
A l’image des acteurs privés, l’administration insiste aussi sur la nécessité de mieux valoriser son patrimoine de données. L’exploitation « effective » des données doit permettre des gains d’efficacité et plus de simplicité pour les contribuables et les agents.
Enfin, par le biais de la feuille de route, le gouvernement réitère son attachement à la souveraineté numérique. L’objectif ici est d’encourager la mutualisation de développements, en particulier sur base open source. Cette doctrine vise à « assurer la maîtrise, la pérennité et l’indépendance du système d’information de l’Etat ».
Pour dérouler sa feuille de route et endosser ses nouvelles responsabilités, la DINUM a cependant besoin de moyens supplémentaires. Le recrutement de 40 agents en 2023 et 2024, en plus des 180 employés actuellement, doit y participer, comme la hausse de ses crédits (5,2 millions d’euros cette année).
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